01 mai 2011

Une espérance sans defi du tragique.

En union de prières avec l'Eglise toute entière qui célèbre ce dimanche,
la Béatification de Jean-Paul II



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En ce temps pascal, je perçois mieux la cohérence profonde entre la célébration eucharistique et les récits d’apparition du Ressuscité, que la liturgie m’invite à méditer.


Ces récits, contre toutes les attentes de l’inconscient qui aspire toujours à retrouver l’intégrité perdue, présentent avec insistance le corps de Jésus Ressuscité, non pas reconstitué dans sa beauté originelle, mais marqué par les plaies de la Passion.

L’apôtre Thomas, par exemple, est invité à regarder et à toucher les blessures « de son Seigneur et de son Dieu » (Jn 20, 27-28).

Certes, par de telles notations, l’intention des évangélistes est probablement de mettre l’accent sur le fait que le Ressuscité est bien cet homme, Jésus de Nazareth, qui a été crucifié sous Ponce- Pilate. Mais il me semble légitime de lire aussi dans de tels récits un enseignement original quant à la façon dont doit se déployer ma façon d’espérer en Christ.

En effet, ces récits manient une subtile dialectique de tragique et d’espérance.

De tragique : lorsque les disciples pourraient être tout à la joie de voir Jésus de nouveau vivant devant eux, voici que le Ressuscité attire leur attention sur ses plaies, c’est-à-dire sur l’injuste violence dont il a été victime.

D’espérance : lorsque les disciples pourraient, à la vue des terribles traces de la passion, s’enfoncer dans une culpabilité morbide, voici que l’apparition du Seigneur triomphant du pouvoir de la mort leur fait comprendre que la fin de l’existence terrestre n’est pas le néant, mais la Vie dans la communion avec Dieu et tous les saints.

Or, je retrouve une dialectique identique au cœur de l’eucharistie. Celle-ci est célébration de la Résurrection et donc d’un avenir radicalement nouveau, provenant de Dieu. Mais, en même temps, elle manifeste la présence réelle du Ressuscité sous deux espèces., le pain- corps d’un côté, le vin- sang de l’autre, qui soulignent à l’extrême la violence faite à Jésus par la passion et la crucifixion.

Etre témoin de la résurrection, célébrer l’eucharistie, c’est donc être conduit à assumer une joyeuse tension. Quand, habité par le bonheur de vivre, je risque de bâtir mon histoire dans une espérance « folle » qui me ferait oublier le malheur des hommes ; le Christ sollicite ma responsabilité : « Rappelle- toi mon corps torturé à cause du péché du monde, et que ta foi en moi ne te détourne pas du combat de l’amour et du pardon en faveur de tes frères. »

Quant à l’inverse, fasciné par l’excès du mal dans le monde, je me laisse aller au désespoir, le Christ réveille ma foi : « Rappelle- toi le matin de Pâques, et fie- toi en ma promesse d’une terre nouvelle et de cieux nouveaux.

Je crois qu’il s’agit bien là d’une « joyeuse tension ».

Cela me rappelle à bon escient que la joie évangélique n’est pas systématiquement du côté de la détente
psychique.

Xavier THEVENOT sdb
(Extrait de « Avance en eau profonde ! »)

 

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