25 avril 2008

Voyage

Claude Brehm


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Comme des pèlerins au seuil de leur voyage
Voici nos mains offertes pour te donner nos vies.
 
La porte grande ouverte sur le chemin des jours
Nous voulons avec toi partir à l’aventure.
 
Où tu nous conduiras nous ne le savons pas
L’épreuve bien souvent nous voile l’horizon.
 
Tu es maître du vent, tu commandes aux tempêtes
Et ta présence toujours apaise notre peur.
 
L’étoile de Noël brillant au ciel de nuit
Nous invite à te suivre jusqu’à l’aube de Pâques.
 
Que ton amour pour nous nous habille de confiance
Ton pardon est plus fort que toutes nos trahisons.
 
En marchant à ton pas sur les sentiers des hommes
Nous serons messagers des noces à venir

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24 avril 2008

Libérez-vous de vos cages

Jalâl al-Dîn Rûmî 

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Oiseaux! Vous êtes du ciel! Libérez-vous de vos cages,
Levez la tête, dégagez votre face et dites où vous êtes maintenant.
 
Votre barque, cassée, est en dérive sur cette eau,
Devenez poisson, nagez et puis envolez-vous lors de l'eau.
 
Le moule se brise, l'ami est accessible ;
Le piège disparaît, dégagez-vous des rets du filet.
 
Vous êtes vous-mêmes les bûches du feu qui vous consume ; Éteignez cette flamme et vous verrez que vous êtes Lumière de Dieu.
 
Vous êtes fanés car le vent céleste vous est devenu souffle de peste ; Devenez libres et ressentez de nouveau la fraîche brise de l'aube.
 
Sachez percevoir les réponses de votre âme dans toute parole, Même si votre bouche ne s'ouvre point.
 
Combien de bonheurs avez-vous écrasé dans le mortier de votre existence? Faites-en maintenant du kohl et embellissez vos regards.
 
Vous étiez morts lorsque vous êtes nés,
Mourez et naissez une seconde fois en amour. Naissez! Naissez!
 
Que vous naissiez hindou ou turc, peu importe! Naissez en amour, Le jour se lève lorsque vous rejetez votre voile.
 
Si, comme moi, vous devenez dignes de Shams de Tabrîz, Alors vous serez roi, le Jour de la Résurrection.
  

Jalâl al-Dîn Rûmî, poète persan

23 avril 2008

Passage à vide

Paul-André Giguère


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Ils sont souvent imprévus. Ils sont toujours éprouvants. Les mots pour les dire ne manquent pas : désert, tunnel, sécheresse, nuit, aridité, stérilité, piétinement. Et comment, et pourquoi la vie spirituelle serait-elle à l’abri de ces passages qui jalonnent toute vie ?
 
La nécessité et la fécondité de ces passages à vide sont un des grands mystères de la condition humaine. Comment le sens émerge-t-il du chaos ? Pourtant, les témoignages abondent dans toutes les traditions : ces moments inscrits en creux dans nos existences ressemblent à des tremplins. Il font toucher le fond, la limite, et font rebondir. Ailleurs et autrement. Les nombreuses études sur le processus créateur réalisées vers le milieu du 20e siècle, ont révélé non seulement la constante, mais la nécessité de ces heures vertigineuses ou de ces mois angoissants : toutes les idées qui viennent en deçà sont convenues, prévisibles, à la limite banales; tout ce qui jaillit au delà est nouveauté, surprise, création.
 
« La nature, dit-on, a horreur du vide ». C’est sûrement vrai aussi pour les personnes. Angoisse dans le noir, et voilà qu’il y a toujours une lampe qui brille. Panique face au silence, et voilà la radio ou la télé allumée à longueur de journée. Trouble quand on a une question, et voilà qu’on s’accroche à la première réponse venue. Désarroi face à l’absence de résultats, et voilà la poursuite de formules magiques.
 
Bien sûr, il y a des vides coupables, dus à la paresse et à la négligence. Il n’y a pas que la cigale de la fable pour le savoir. Jésus parle de ces jeunes filles prises au dépourvu quand le fiancé arrive tardivement, parce qu’elles n’ont pas prévu une provision suffisante d’huile pour leur lampe (Matthieu 25 1-13). Mais il y a aussi les vides qui signalent l’approche d’une vérité. À mesure qu’on se dépouille des erreurs et des illusions, des approximations et des images qui rassurent à bon compte, on se retrouve dans une plus grande nudité de l’esprit. Voilà pourquoi il n’est pas rare d’avoir le sentiment de se retrouver dans une impasse alors qu’on a pourtant pris les décisions qu’il fallait courageusement prendre, mené les nécessaires combats et marché dans la bonne direction.
 
« L’impasse, disait le penseur québécois Jean Bédard au cours d’un séminaire tenu à l’été 2003, est l’outil le plus puissant de la croissance spirituelle dans la mesure où je tiens. Juste tenir me produit ».
 
Mais comme il est difficile de simplement se tenir là. Qu’il est ardu de ne pouvoir qu’attendre. Qu’il est pénible de concentrer son attention sur ce qui vient mais demeure absent. Qu’il est exigeant d’habiter une promesse. Et pourtant, on sent bien que déserter ce moment, ce serait tout perdre. « Les rendez-vous que l’on cesse d’attendre existent-ils dans quelque autre univers ? » (Gilles Vigneault)
 
Le moine se tient accroupi, immobile. Il sait que dans cinq secondes, ou cinq minutes, ou cinquante minutes, quelqu’un va frapper une cloche. Sans se laisser distraire du vide, il guette l’arrivée du son. L’amoureuse de la nature se tient debout au bord du lac. Elle sait que, dans une minute, ou deux, ou deux et demi, le soleil ou la lune va surgir de derrière l’horizon. Sans détourner les yeux, elle guette le premier rayon de la lumière. Le pêcheur est assis dans son embarcation, sa ligne est tendue, et il sait que dans dix secondes ou dans deux heures, il va sentir une série de petits coups. Sans relâcher son attention, il se tient prêt.
 
Voilà. C’est ça. Dans les itinéraires spirituels authentiques, viennent toujours un ou des moments où il n’y a plus de route. Un ou des moments où on est devant un fleuve ou un ravin infranchissable. C’est le temps de l’attente. L’attente de Dieu, Celui-qui-vient. On avait perçu son appel mystérieux, on s’était mis en route vers lui, et il a pris du prix à chaque pas que l’on faisait vers lui. Et qui, maintenant, il en prend davantage à chaque heure où il se fait encore attendre.
 
« Heureux, dit Jésus, les serviteurs que le maître trouvera en état d’attente quand il viendra. En vérité, je vous le dis, il attachera sa ceinture, les fera asseoir pour le repas et il viendra les servir lui-même. » (Luc 12 37)

22 avril 2008

Tu es le soleil

Mère Térésa
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Tu es le Soleil éclaté de l'Amour du père
Seigneur crucifié et ressuscité,
Apprends-nous à affronter
Les luttes de la vie quotidienne,
Afin que nous vivions
Dans une grande plénitude.
Tu as humblement et patiemment accueilli,
Les échecs de la vie humaine
Comme les souffrances de la crucifixion.
Alors les peines et les luttes
Que nous apporte chaque journée,
Aides-nous à les vivre
Comme des occasions de grandir
Et de mieux te ressembler.
Rends-nous capable de les affronter,
Plein de confiance en ton soutien.
Fais nous comprendre
Que nous n'arrivons à la plénitude de la vie
Qu'en mourant sans cesse à nous mêmes
Et en nos désirs égoïstes.
Car c'est seulement en mourant avec Toi
Que nous pouvons ressusciter avec Toi.
Que rien désormais
Ne nous fasse souffrir ou pleurer
Au point d'en oublier la joie de ta résurrection.
Tu es le soleil éclaté de l'amour du père,
Tu es l'espérance du bonheur éternisé
Tu es le feu de l'amour embrasé.
Que la joie de Jésus soit force en nous
Et qu'elle soit, entre nous, lien de paix
D'unité et d'amour.

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21 avril 2008

Ta parole dans nos silences

Pierre Yves de Taizé


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Il est bon d’écouter sans défaillance,
Seigneur, ta Parole, mais
L’abîme du silence comme un flot m’environne.
Creuse encore ce grand vide
Où montera parfois, frêle et timide,
Le murmure inlassable de ta voix.
 
Il est bon de guetter sans lassitude,
Seigneur, ton passage, mais
L’attente est solitude et combat sans relâche.
Se peut-il que ta grâce me donne
Un délai pour que je passe
Tous les jours à renaître dans la paix?
 
Il est bon de chercher avec patience,
Seigneur, ton visage, mais si grande
Est la distance jusqu’à l’autre rivage.
Se peut-il que tu fasses
De cette immensité l’unique espace
Où s’élance vers toi ma liberté?

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