25 février 2008

A Dieu, Jean-paul, nous te confions

JPL13 (2)

C'est avec tristesse que nous avons appris le décès en Chine de Jean-Paul Beauve, Salésien de Don Bosco ce samedi 23 février.
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Jean-Paul est né le 29 janvier 1969 et venait donc d'avoir 39 ans.
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Il était originaire de Visé (région de Liège - Belgique) et instituteur de formation.
Dès son noviciat , il marqua son intérêt pour la Chine. 
C'est ainsi qu'il quitta la Belgique pour l'Irlande en été 2000/2001 pour y apprendre l'anglais avant de se rendre à Taiwan pour y apprendre le mandarin en attendant l'ouverture des frontières de la Chine. 
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Il fut ordonné le 24 novembre 2002.
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"Da mihi animas, cetera tolle"...  Toute sa vie, toute sa vocation dise cet engagement.
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Gardons au coeur son sourire et son visage rayonnant.  Soyons, à son image, fidèles et audacieux au service de la mission salésienne dont il fut un humble artisan.
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C'est avec émotion qu'aujourd'hui, à Dieu, Jean-Paul, nous te confions.

A LIRE AUSSI : le compte-rendu d'une interwiew qu'il accorda à "Lien Salésien" (coop Ampsin) peu de temps avant son ordination.


Jade

la montagne de Jade photographiée par Jean-Paul peu de temps après son arrivée à Taiwan.

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Célébrer le carême

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Voici revenu le temps du Carême. Et avec lui la question de savoir comment nous allons "faire" notre Carême, comment nous allons le fabriquer, quelle figure nous allons lui donner. Avec ce que cela suppose d'efforts de notre part, de restrictions ou au contraire de choses en plus. Avec le risque de centrer notre attention sur nous-mêmes, sur ce que nous sommes capables de faire, et, probablement le plus souvent, ce que nous sommes incapables de faire.
 
Nous l'oublions sans doute trop. Le Carême est d'abord une célébration. Une célébration de la résurrection du Christ, vue un peu comme en creux, de dos, comme Dieu qui ne se montrait pas autrement à Moïse.
 
Quand tu jeûnes, lave-toi, parfume-toi, habille-toi comme pour une fête. Quelle fête, sinon la fête de ce désir d'être nourri que Dieu a inscrit dans   notre cœur ? Quelle célébration, sinon celle du Dieu qui a choisi aussi de  répondre à ce désir ? Y répondre et même le combler. Jeûner, c'est retrouver la racine de ce désir. Célébrer le Dieu qui peut vraiment répondre à ce besoin que nous avons de recevoir un sens à toute notre vie. Il y a beaucoup de faux dieux qui veulent répondre à cette question. Nous voulons   jeûner de ces dieux-là pour mieux être nourris par celui qui a voulu être notre pain de vie, pour mieux le célébrer.
 
Le Carême nous invite aussi à prier. Qu'est-ce que la prière sinon la célébration de cette conversation incessante qui existe entre le Père et le Fils, dans cette langue commune qu'est pour eux l'Esprit-Saint ? Jésus nous demande d'y entrer discrètement, en fermant la porte derrière nous. Ne pas faire de la prière une manifestation bruyante qui va chercher tout ce qui peut nous    accrocher. Mais en faire une célébration du silence de Dieu, du silence qui est en Dieu, un silence qui est bien capable de dire tout ce que Dieu veut nous dire. Le Carême nous invite aussi à jeûner de toutes les voix qui     veulent couvrir ce que le Père et le Fils se disent ainsi dans le murmure d'une brise légère.
 
Le Carême nous invite à partager. Pas simplement distribuer. Mais faire du partage une célébration de ce que Jésus a fait quand il a multiplié le pain, quand il a dit : prenez et mangez, prenez et buvez. Jésus nous demande de ne pas le faire de manière voyante, en visant le spectaculaire, mais de le faire quasi naturellement. Faire du partage une célébration de cette       confidence de Jésus : Tout ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi. Le Carême nous invite aussi à jeûner de tout ce qui peut déformer cette merveilleuse façon d'être à l'autre et de le recevoir, sans qu'il soit question de savoir qui donne et qui reçoit.
 
Faisons du Carême une authentique célébration!  Même les Cendres        doivent nous y inviter. Elles aussi nous parlent d'une certaine façon en creux. Elles nous rappellent le besoin que nous avons de nous convertir ; donc, elles nous disent que nous sommes pécheurs. Mais cela ne sert à rien de célébrer le péché, si ce n'est pas pour en célébrer le pardon. Cela ne sert à rien de nous torturer le cœur, si ce n'est pas pour célébrer le fait que Dieu soit bien capable d'accueillir toutes nos faiblesses et encore bien au-delà. De les accueillir et de les brûler au feu de cet amour sans lequel aucun    Carême ne peut être un vrai Carême. Je souhaite que le nôtre soit vrai.
 
source WEB inconnue

24 février 2008

Quand Jésus vient à notre rencontre

source: www.inxl6.org


 
samaritaine_reduit[1]

Et le Christ, comment évangélise-t-il ?

Entretien avec Marcel Domergue, prêtre jésuite, à partir de l’évangile de la Samaritaine. Un extrait du dernier numero de la revue Croire Aujourd'hui Jeunes Chrétiens.  Propos recueillis par Romain Mazenod pour Croire Aujourd'hui Jeunes Chrétiens [17/09/2004] 
Dans le passage de l’évangile sur la Samaritaine, c’est Jésus qui vient à la rencontre de cette femme. Comment se passe ce premier contact ?
 
Jésus est fatigué du voyage. Il est midi et il fait chaud. On nous montre ici que Jésus a connu les mêmes réalités que nous : la fatigue, la faim, la soif… Alors que, souvent, on se représente Jésus sous l’image du Christ       triomphant. Il rencontre la Samaritaine qui vient puiser de l’eau au puits.    Notons que cette femme n’a pas de nom et restera sans nom : au fond, c’est Madame-Tout-le -Monde.
 
Le thème de la soif représente le désir. Normalement, Jésus est celui qui vient combler la soif, le désir. Mais ici, il commence à montrer qu’il est       lui-même habité par un désir. Il a besoin de la Samaritaine. Il est venu       attendre cette femme qui représente toute la Samarie, l’étranger, le peuple qui n’a pas droit aux bénédictions d’Israël. Quand elle s’étonne qu’un Juif vienne lui demander de l’eau, Jésus lui répond “ Si tu savais le don de Dieu, c’est toi qui lui aurais demandé de l’eau. ”
 
Au fond, il la surprend ?
 
Jésus parle d’une eau vive, c’est-à-dire vivante, jaillissante. Le thème de l’eau revient souvent dans la Bible mais il y a deux sortes d’eau. L’eau qui coule de source, l’eau de pluie, l’eau en mouvement, signe de vie. Et puis, l’eau stagnante, signe de mort. Par exemple, quand Jésus marche sur les eaux, cela signifie qu’il écrase la mort.
 
Dans le texte de la Samaritaine, s’opère un transfert de la source. Cette source, c’est d’abord Jésus, mais si on boit de l’eau de cette source, on    devient à son tour source de vie.
 
La femme lui répond en plaisantant, en se moquant : “ Donne-moi un peu de cette eau, afin que je n’aie plus soif et ne vienne plus ici pour puiser. ”    Jésus, alors, la prend au piège en lui demandant d’appeler son mari, comme s’il ne savait rien de sa vie.
 
Pourquoi agit-il ainsi ?
 
Pour que la femme prenne conscience de la vérité de sa vie et de sa        solitude. Elle a eu cinq maris et elle est à ce moment-là avec un sixième homme. Mais en fait, elle est très seule.
 
Dans son histoire, Jésus est le septième homme, le véritable mari, l’époux de l’humanité. Le chiffre sept n’est pas indifférent : il représente la plénitude, de la même manière que le septième jour vient clore la semaine, la compléter. Jésus vient clore la recherche de cette femme, apaiser sa soif de désir.
 
En quelque sorte, il va à la rencontre de son désir…
 
Le Christ va toujours à la rencontre d’un désir puisque l’homme, par définition, est toujours insatisfait. On pense parfois qu’il est possible de satisfaire ce désir permanent par l’argent ou par le fait d’avoir beaucoup de femmes ou d’hommes… Mais ce n’est qu’une manière d’apaiser momentanément le désir, ce n’est pas un accomplissement total. Le désir renaîtra sans cesse car rien de ce que nous pouvons acquérir n’est Dieu lui-même.
 
Le désir est quelque chose de fondamental car il nous montre que nous sommes en route, que nous ne sommes pas encore arrivés. Il crée le mouvement. Tant qu’il est là, il est toujours possible de rencontrer le septième homme, c’est-à-dire Jésus
 
Et la femme s’en va ensuite pour témoigner…  D’abord, elle laisse sa cruche car, après avoir rencontré Jésus, elle n’a plus besoin d’eau. Elle parle de lui aux autres en se demandant s’il ne serait pas le Christ. Peut-être ne parvient-elle pas encore à le croire. À moins qu’elle préfère questionner pour ne pas affirmer quelque chose qui les déconcerterait complètement.
 
À la fin, les Samaritains se mettent à croire, non plus sur les dires de la femme, mais parce qu’ils ont entendu Jésus lui-même. La femme a été      témoin, elle a été un chemin, mais elle disparaît. C’est pourtant elle qui les a amenés vers lui. En fait, le schéma de la source se reproduit : Jésus donne à boire mais ce qu’ils reçoivent devient source en eux.
 
Comment peut-on s’inspirer de ce récit pour évangéliser ?
 
Évangéliser, cela veut dire rencontrer, entrer en contact. Cela commence avec la connaissance de l’autre. Il ne s’agit pas de poser des questions pour lui faire raconter sa vie de A à Z mais il faut être curieux vis-à-vis de l’autre. On s’adresse toujours à quelqu’un qui a déjà sa propre histoire.
Quand on évangélise, on imagine qu’on apporte à l’autre ce qu’il n’a pas. Mais finalement, la personne qui évangélise est là aussi et d’abord pour     recevoir ce qu’est l’autre.
 
Que conseillez-vous ?
 
N’arrivons pas vers l’autre en nous disant : “ Nous, nous savons, eux, ils ne savent pas. ” Méfions-nous car nous avons presque toujours été précédés. Notre travail d’évangélisation consiste d’abord à identifier la manière dont le Christ est présent dans cette personne. Chez la Samaritaine, par exemple, le Christ est déjà présent à travers cette soif inextinguible d’amour qui lui a fait déjà user cinq maris, plus son homme actuel. Évangéliser, c’est aller à la rencontre d’un désir.

23 février 2008

Une tête de carême ?

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Faut-il avoir une "tête de carême" en Carême ?
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Notre vision du Carême est celle d'une époque de l'année qui apparaît comme pénible, austère, rigoureuse. La meilleure preuve qu'on puisse trouver, c'est que la veille c'est tout l'inverse : on ne se prive de rien quitte à s'en rendre malade ! Je pense que cette vision met les choses à l'envers.
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Cela veut dire que le Carême devrait être une période qui soit de moins en moins pénible depuis le mercredi des Cendres jusqu'au vendredi saint puis à Pâques. Le Deutéronome nous disait qu’il s’agit d’une question de bonheur ou de malheur, une question de vie ou de mort. L’évangile aussi du reste.
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Le Carême, un chemin pour retrouver ce qui nous fait vivre, ce qui nous fait vivre de plus en plus jusqu'à la résurrection, qui est la vie en plénitude. Et Jésus nous dit que pour vivre véritablement, pour vivre pleinement, il faut prendre un risque, celui de perdre ce qui fait le plus clair de notre temps,   reconnaissons-le : Les petits bonheurs faciles et immédiats,
ce que l’évangile appelle "le monde entier. »
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Le carême est un temps qui nous est proposé pour retrouver l’essentiel, c’est à dire le bonheur de la vie dans le christ ressuscité, et cela commence dès aujourd’hui.
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Traditionnellement, on demande pendant le Carême de jeûner, de faire   l'aumône et de prier plus afin de se préparer à Pâques.
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Ce qui veut dire que pour arriver à la vie véritable, il faut retrouver ce qui nous fonde véritablement à savoir nos rapports à nous-mêmes, nos rapports aux autres, et nos rapports à Dieu.
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Il y a toujours ces trois pôles fondamentaux dans toute vie chrétienne, et leur équilibre nous épanouit, nous fait grandir vers la vie éternelle.
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Aujourd'hui, il y a plusieurs façons de jeûner, c'est à dire de retrouver un juste rapport à soi. Il y a 1001 manières de faire l'aumône, c'est à dire de   vivre un juste rapport avec autrui, et c'est la même chose pour notre relation à Dieu.
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Mais en tout cas, il y a un critère pour voir si on est dans le bon, c'est celui du bonheur qui grandit en nous, autour de nous et dans notre relation à Dieu.
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Si nos efforts de Carême dans ce retour à notre source vitale et à notre équilibre spirituel nous rendent malheureux, irascibles, et nous empêche de prier, c'est alors qu'il faut changer quelque chose, car on fait peut-être un effort très louable, mais il ne mène pas vers la vie que nous propose l’évangile.
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Ce que je nous souhaite, c'est de vivre une période passionnante pendant laquelle nous assainissons cette source d'eau pure au fond de nous-mêmes, le lieu où Dieu réside, afin de pouvoir rayonner de cette joie de Dieu.

source web inconnue

22 février 2008

Ascèse et mortification

danse[2]
 


Je crois que l'ascèse est une des choses principales pour le développement de l'être humain et que l'ascèse est nécessaire à la construction d'un art quel qu'il soit. L'ascèse consiste à choisir perpétuellement l'essentiel.
 
C'est en ne gardant que l'essentiel et le nécessaire que l'on trouve tout à coup les forces de la vitalité et de la vérité.
 
Je crois que la mortification est nuisible parce qu'elle a toujours un côté de répression et qu'elle a toujours un côté qui facilite la débauche inverse... L'épanouissement doit être une ascèse, un dépouillement qui n'est pas une contrainte négative comme la mortification. Les ascètes peuvent vivre d'une façon encore plus frugale qu'une personne qui se mortifie, mais les ascètes le prennent comme une espèce de décontraction totale, alors que la mortification implique toujours l'obligation.
 
L'ascèse, c'est se contenter du verre d'eau et du morceau de pain, et c'est la savourer avec délice, parce qu'au fond vous avez l'essence de la vie qui est l'eau et le pain et que vous n'avez pas besoin d'autre chose. Mais si l'eau et le pain sont une mortification, vous êtes condamnés au pain sec et à l'eau : c'est une punition. Au fond l'ascèse, c'est la joie, c'est une chose qu'on découvre petit à petit.
 
Le corps doit être profondément travaillé pour trouver sa liberté. Cette liberté est au-delà de la discipline. Pour que le corps participe à cette joie et à cette liberté totale, il doit passer à travers différentes étapes purificatrices.
 
Pour parler simplement du métier de danseur, un danseur est un être qui a commencé entre dix et quatorze ans à faire une série d'exercices chaque matin, et ils les fait toute sa vie, sans aucun jour d'interruption, tous les matins. Il s'impose une espèce de discipline au départ, qui lui permet de trouver sa plus grande liberté.
 
Finalement, quand on me dit: "Qu'est-ce que la danse ?", je réponds: à l'échelon des gens qui ne savent pas, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi ; à l'échelon des très bons danseurs, c'est avoir une discipline de dix ans ou de quinze ans et faire des choses très codifiées ; à l'échelon du véritable danseur, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi, mais après avoir passé vingt ans d'ascèse... C'est retrouver l'innocence et la liberté, mais avec un travail préliminaire.
 
Le danseur idéal, ce serait un être libéré loin de notre civilisation. Je crois qu'actuellement le drame de l'époque consiste à faire croire aux gens qu'en multipliant leurs besoins on augmente leur joie. En réalité, on augmente alors leurs attaches... La seule issue pour le monde actuel, c'est non la privation, je n'aime pas ce mot-là, mais c'est la joie dans le dépouillement.
 
Maurice Bejart

L'Art sacré n°1, ler trim. 1969.