05 juin 2008

Amis, dehors!

porte-ouverte[1]
 


Vous êtes un peuple de passage!
D'origine, par humanité,
vous existez pour abaisser les remparts
qui transforment les habitants de la terre
en étrangers définitivement opposés les uns aux autres.
 
Vous êtes nés pour renverser les murs
qui dressent des refuges de méfiance dans les pays et les coeurs et en vous-mêmes.
 
Par vocation, vous êtes nommés
pour faire jaillir le désir d'un monde à ouvrir
et pour organiser la rencontre des habitants de la terre
se reconnaissant enfin membres de la même famille.
 
Amis, dehors!
Sortez de chez vous!
Par le baptême vous êtes un peuple de migration appelé à passer plus loin que vos frontières! 

   Ch. Singer

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04 juin 2008

Figure et visage

 visage[1]


Ma figure, c’est mon apparence extérieure:
Charmante, banale, agréable selon les critères variables édictés par la vogue de la mode.
Ma figure m’est imposée par la nature ou par hérédité.
Aucun grimage esthétique ne pourra réellement changer ma figure.
Ma figure, je n’y peux rien : elle ne vient pas de moi, je ne l’ai pas créée !
 
Mon visage, c’est différent, complètement !
C’est moi tout entier avec l’intérieur et avec l’extérieur !
Mon visage, c’est moi avec tout ce que je porte en moi d’infini, de changement,
De conversions possibles et que je tente de traduire en paroles et en comportements.
Mon visage, c’est le désir en moi de vivre toujours en plus grand, d’élever l’amour en perpétuel jaillissement par-delà toute usure, c’est la volonté d’aller jusqu’au bout de l’appel que je discerne en moi, c’est l’obstination à mener mon existence à la hauteur de mon humanité et sous le feu de l’Evangile !
 
Mon visage, c’est moi insufflé d’Evangile !
Mon visage, c’est ma vie en train de se convertir en amour, en don,
En réconciliation, en travail pour mes frères.
Mon visage, c’est ma vie engagée dans une lente transfiguration
En reflétant, peu à peu, la beauté que Dieu a imprimée en moi,
C’est ma vie en train de se transformer en Visage de Dieu !
 
Or, il y a péché !
Le péché est un masque que j’accepte de plaquer sur mon visage, sur ma vie.
Ce qui est destiné à être beau, d’un coup est voilé et devient grotesque.
Le péché n’est rien d’autre qu’un masque de laideur collé sur mon visage, sur ma vie.
Il déforme ce que je suis. Le péché fait grimacer ma vie, mon visage.
Il encrasse, il brise, il détourne la lumière qui était sur le point de s’y poser.
 
Me voici, Seigneur, pour te dire:
« Vois mon visage et non les masques de péché qui me déforment.

03 juin 2008

Marie de tous nos désirs et de toutes nos espérances

  montagne[1]

Je te salue Marie,
Mère de tous nos désirs
D'être heureux.
Tu es la terre qui dit oui à la vie.
Tu es l'humanité
Qui consent à Dieu.
Tu es le fruit des promesses du passé
Et l'avenir de notre présent.
Tu es la foi qui accueille l'imprévisible,
Tu es la foi qui accueille l'invisible.
 
Je te salue Marie,
Mère de toutes nos recherches
De ce Dieu imprévu.
Du Temple où tu le perds,
Au Calvaire où il est pendu
Sa route te semble folle.
Tu es chacun de nous qui cherche Jésus,
Sans bien comprendre sa vie
Et ses paroles.
 
Tu es la mère des obscurités de la foi,
Toi qui observes tous les événements
Dans ton cœur, et qui fais confiance
En l'avenir de Dieu, ton Seigneur,
Creuses et médites tous nos «pourquoi?»
 
Je te salue Marie,
Mère de toutes nos souffrances.
Tu es la femme debout
Au pied de l'homme crucifié,
Tu es la mère
De tous ceux qui pleurent
L'innocence massacrée
Et le prisonnier torturé.
 
Je te salue Marie,
Mère de Jésus et du disciple qui a cru.
Tu es la mère des hommes et de l'Église,
Tu es au carrefour de l'histoire du salut
Que Dieu invente depuis Abraham et Moïse.
 
Je te salue Marie,
Mère de toutes nos pentecôtes.
Tu es, avec les apôtres, l'Église qui prie
Et accueille les dons du Saint-Esprit.
 
Je te salue Marie,
Mère de toutes nos espérances.
Tu es l'étoile radieuse d'un peuple
En marche vers Dieu.
Tu es l'annonce de l'humanité transfigurée,
Tu es la réussite de la création
Que Dieu a faite pour son éternité.

MICHEL HUBAUT   (prière tirée de "Christ notre bonheur, apprendre à prier

     avec St François et Ste Claire d'Assise", Éditions Fayard - 1986)

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02 juin 2008

Être « chrétien et citoyen » dans un monde qui évolue, est-ce possible?

 Un regard sur Saint François de Sales 


une réflexion de Sœur Catherine FINO fma dans le cadre du 2ème Congrès de l'éducation salésienne dont le thème était: "le système préventif dans un monde sécularisé".  

Lyon en novembre 2000


 

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Nous allons porter notre regard sur quelqu’un dont don Bosco s’est inspiré, non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur le plan éducatif: Saint François de Sales.
 
Être « chrétien et citoyen » dans un monde qui évolue, est-ce possible?
 
Le contexte où vit François de Sales se rapproche déjà du nôtre. Bien sûr, il ne connaît pas encore la sécularisation des sociétés européennes, mais on voit apparaître au XVIIème siècle, une situation nouvelle: l’existence du protestantisme.
 
On ne choisit pas encore de vivre avec ou sans Dieu, mais le spirituel devient pluriel dans la société.  Et ça se vit mal sur le plan politique, même avant les guerres de religion: Luther est banni de l’empire, il perd toute protection juridique, et il risque sa vie.  Du coup la réflexion s’engage, et Luther propose une séparation entre le domaine de l'Etat (le temporel) et le domaine de l’Église (le spirituel).
 
Vingt ans après, François de Sales écrit en écho, dans un texte sur l’obéissance: «Il faut obéir à tous les supérieurs, à chacun néanmoins en ce en quoi il a autorité sur nous: on ce qui concerne la police et les choses publiques, il faut obéir aux princes; en ce qui regarde l’ordre dans l’Église, aux évêques; dans la famille, au père, ou au maître de maison, ou au mari, quant à la conduite de votre vie chrétienne, au prêtre qui vous accompagne (directeur ou confesseur particulier)».
 
 Belle introduction à la laïcité. Et notons au passage qu' « on ne choisit pas habituellement son prince ou son évêque, ni même souvent son mari, mais on choisit bien son confesseur ou directeur»: le discernement qui existe dans la vie de foi pourra bien être prophétique et formateur dans les autres secteurs.  Il s’agit bien d’un espace de liberté. (IVD III, XI 163).
 
Comme chrétien, il ne s’agit pas d'être à part: « Non, Philothée, la foi chrétienne ne gâche rien quand elle est vraie, au contraire elle améliore tout. Si elle contrarie les engagements légitimes de quelqu’un, c’est sans doute qu’elle est déformée.  Chacun devient plus agréable (sociable) dans ce qu'il fait en y ajoutant la foi: le soin de la famille en est rendu paisible, l’amour de la femme plus sincère, le service du prince (de l’État) plus fidèle, et toutes sortes d’occupations plus agréables » (IVD I, III 37).  «Bon citoyen et bon chrétien»: pour don Bosco aussi, la foi chrétienne sera une chance pour la bonne citoyenneté d’un jeune.
 
Il ne s’agit pas de s’accommoder d’un juste milieu, d’être moins chrétien pour tenir aussi son rôle de citoyen, ou à l’inverse, de démissionner  de certains secteurs de la vie sociale pour pouvoir accéder à un plus haut niveau de christianisme.  Luther a plaidé pour que tous, clercs ou laïcs, soient reconnus comme chrétiens à part entière. 
 
François de Sales met en acte sa conviction de légale dignité et vocation de tous les chrétiens, quel que soit leur statut social ou ecclésial: « Mon intention est la formation chrétienne de tous ceux qui vivent en ville (pas seulement dans la société traditionnelle rurale; aujourd’hui ce serait la formation de ceux qui vivent à l'heure d'internet et de mondialisation), qui sont mariés, qui sont à la cour (en politique),  et qui par leur situation sociale sont obligés d’adopter un certain mode de vie qu’ils pensent incompatible avec la vie chrétienne».  IVD Préface 24.         
 
 « C’est une hérésie de vouloir exclure de la vie chrétienne les soldats (l’armée), les artisans (les ouvriers, les professionnels) les courtisans des princes (les hommes politiques), les gens mariés (% clercs).  Où que nous soyons, nous pouvons et nous devons aspirer à la vie parfaite.  Il faut accommoder la pratique de la foi aux forces, aux occupations et aux obligations de chacun».  IVD 1, 1113, 7. 
 
Don Bosco proposera la sainteté aussi aux jeunes émigrés du monde ouvrier au XIXème, et nous aujourd’hui aux jeunes de la société de la mondialisation et de la communication.
 
Ceci supposera que l’évangélisateur soit créatif pour s’adapter à son public, à la culture de ses interlocuteurs.  Dans une société de conflits politiques et religieux, François inaugurera une nouvelle manière de prendre la parole très simplement, avec un ton souriant, chaleureux, à grand renfort d’exemples, de comparaisons et d'anecdotes tirées du quotidien ou de la Bible (comme les histoires ou les rêves de don Bosco).  Puis il rédigera par écrit ses sermons pour permettre aux habitants de Thonon de les lire chez eux en cachette, enfin.
 
Comment vivre ensemble sans violence?
 
Dans un monde pluriel, il va falloir ensuite gérer les relations sans violence: les jeunes vont sans cesse côtoyer, y compris dans leur propre famille, leur vie professionnelle, etc... Des gens qui n’ont pas fait le même choix qu’eux, qui s’opposeront à eux de par leurs convictions différentes.  Comment se comporter? François propose la « douceur » salésienne. Elle n'est pas mièvre: de quoi s’agit-il ?
 
- L’art de proposer: « Parlez toujours de Dieu... non point à la manière d’une correction mais à la manière d’une inspiration: car c'est merveilleux combien la proposition douce et aimable de quelque chose de bon est une puissante amorce pour attirer les cœurs» (IVD III, 26).
 
- Respecter la liberté de pensée « Même «s’il est nécessaire de contredire quelqu’un et d’opposer son opinion à celle d’un autre, il faut user de grande douceur et dextérité, sans vouloir violenter l’esprit d’autrui car aussi bien ne  gagne-t-on rien on prenant les choses âprement.  L’esprit humain peut être persuadé, non pas contraint. Le contraindre, c’est le révolter »(IVD M 30).
 
- Il vaut mieux décider de vivre sans colère que d’en user modérément, donc il faut être capable de l’éteindre en nous. « Comment la repousser?  Ramasser nos forces, mais doucement…»  « Lorsque vous êtes tranquille, faites grande provision de douceur » « Soyez doux envers vous-même, ne vous mettez pas en colère contre vous-même à la moindre occasion »  « Traitez vos affaires avec soin, mais sans empressement ni souci ».
 
- L’art des relations cordiales (au sens: mettez-y votre cœur!) mérite un entretien aux Visitandines (X 1108):
 
- savoir exprimer son affection, rendre agréables les relations de travail, et être simple et sans complexe aux moments de détente, être attentifs à l’autre sans tomber dans la flatterie excessive ou risquer de provoquer la jalousie.  L’art de s’adapter à autrui est sous tendu par toute une étude psychologique.
 
- François de Sales ajoute la nécessité de faire confiance, de pas juger ou craindre le jugement d’autrui pour oser communiquer nos richesses entre nous.  Savoir donner des bases d’affection mutuelle et de connaissance profonde à nos relations désamorce la violence entre nous, et apprend à souhaiter communiquer avec tous.
 
- La cordialité salésienne est à l’origine de ce qui deviendra  « l'amorevolleza » chez don Bosco, avec l’importance des relations des jeunes entre eux, dans une vie de groupe, et la qualité de la relation instaurée par l’éducateur avec l’éduqué.
 
En conclusion:
Je voulais vous livrer ces quelques convictions qui peuvent enrichir notre recherche éducative aujourd’hui, en l’enracinant dans l’école de pensée spirituelle où don Bosco lui-même a puisé. Et nous encourager quand nous voyons combien l’évolution d’une société peut être à la source de nouvelles dimensions et expressions de la pensée spirituelle et éducative, qui permettent à l’Église de se renouveler, quand les chrétiens entrent pleinement dans le débat et les défis de la société de leur temps.

01 juin 2008

En chaque coeur humain...

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“En chaque cœur humain vit un insatiable désir d’aimer et d’être aimé, une faim de compréhension et de tendresse.  Mais nous sommes blindés d’habitudes, coincés dans le filet du travail.  Nous ne voyons pas le Dieu mendiant de douceur dans le cœur de ceux qui nous sont proches. 
 
Un mot, un seul mot peut-être, simplement prononcé ou doucement murmuré à l’oreille, peut contenir la plénitude de l’amour. 
 
Un cadeau, si mince, si insignifiant qu’il soit, se revêt d’importance aux yeux de qui le reçoit en raison de la personne qui l’offre.
 
La tendresse s’exprime par des actes. 

      

P.Boudens,OMI