31 juillet 2009

La prière salésienne: une célébration contemplative du présent (2)

D'où naît la prière salésienne

 

Notre prière est donc tout ensemble contemplation du quotidien et célébration du quotidien et se relie à cette «sacramentalité diffuse» dans le quotidien, dont nous avons parlé précédemment.
 
Le sens profond de la prière pour Don Bosco naît de son «anxiété pastorale» qui le pousse à «invoquer» et à «remercier»: et il fait de la prière un instrument éducatif de premier plan. Qu'il suffise de penser à la sainteté de Dominique Savio et à sa prière qui a atteint des sommets contemplatifs au sens strict.
 
Ce que fait observer Don Rinaldi est éclairant «Don Bosco a allié avec la plus grande perfection son activité extérieure, indéfectible, absorbante, très vaste à une vie intérieure qui prend sa source dans le sentiment de la présence de Dieu et qui devient actuelle, persistante et vive au point de devenir une union à Dieu parfaite. De cette façon, il a réalisé en lui-même l'état le plus parfait qui est la contemplation agissante, l'extase de l'action, dans laquelle il s'est consumé jusqu'à la fin, avec une sérénité extatique, pour le salut des âmes.»
 
Ici s'insèrent les caractéristiques de la prière salésienne: le salésien ne se sent pas «arraché» à la prière quand il doit passer à l'action, parce que même dans l'action il fait l'expérience de Dieu; sa prière est d'abord profondément personnelle pour être avec fécondité communautaire; c'est une prière imprégnée et pénétrée de quotidienneté et, pour cela, «populaire»; elle fait alors une grande part à la prière de «demande» comme expression de cette anxiété éducative de croître et de construire le Royaume ; elle est une prière simple, sobre, pauvre, joyeuse, sans éclats ni apparence : ainsi de fait prient les pauvres, les simples, le peuple. C'est une prière faite d'humilité, d'abandon à la présence et aux dons de l'Esprit. Elle est équilibrée dans le ton et dans la durée, elle est ouverte au corporel.
 
Plus qu'à faire prier les jeunes, le salésien tend à prier avec les jeunes et à donner du large à l'initiation juvénile, en éduquant les jeunes à gérer leur prière.
 
A la base de cette prière, il y a certaines valeurs humaines à recueillir et à approfondir et dont il faut faire faire l'expérience aux jeunes : le sens du mystère, le sens de la gratuité, la capacité d'étonnement devant les «merveilles» de Dieu ; le sens du silence et de la contemplation, le sens de la participation et du partage.
 
Dans ce cadre, la prière salésienne ne se refuse pas à se laisser provoquer par les autres spiritualités et les autres modèles de prière : l'important est que la synthèse qui en dérive soit organique et non une juxtaposition simpliste d'expériences diverses, sans une âme qui les assume et les englobe dans une réalité unitaire

 

30 juillet 2009

La prière salésienne: une célébration contemplative du présent (1)

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Nous assistons en notre temps, à un entremêlement ou à une succession de divers modèles de prière : un modèle traditionnel, dans lequel les «pratiques de piété» sont peut-être trop soulignées au détriment de la «piété» en soi; un modèle des mouvements de type charismatique qui tend à une raréfaction et à une transcendance anhistorique de la louange, de la glorification, de la jubilation dans l'Esprit; un modèle idéologico-politique fortement aimanté par les événements historico-politiques et dont le risque est de s'évanouir dans «l'engagement pour la révolution»: prier c'est «lire le journal» ou faire un collectif politique.
 
Une prière pétrie de quotidien
 
Le modèle salésien est différent : c'est la «prière dans le quotidien». Et il s'insère de fait dans cette «spiritualité du quotidien» comme lieu d'expérience de Dieu que nous avons mise comme premier point de la spiritualité juvénile salésienne.
 
«Je m'imagine comment la pensée de Don Bosco priant devait être pleine de Dieu, mais pour cela aussi pleine de ses enfants, des personnes, des problèmes qu'il avait. Et il faut aussi affirmer la contrepartie : c'est-à-dire que le travail, les dialogues, les discussions, les jeux, la promenade, la classe, sa présence parmi les jeunes, l'écriture, l'engagement en tant d'entreprises, la fatigue de Don Bosco étaient comme une extase de sa contemplation, de son amour. L'extase de l'action, comme dirait Don Rinaldi, reprenant la pensée de saint François de Sales,» (Don Vigano)
 
Don Bosco est-il un saint qui a peu prié ? C'est un saint qui dit plus «travaillons» que «prions». Pourtant, Don Bosco priait tout le temps et il est en même temps le prophète d'une prière non sophistiquée, ni élitaire ni idéologique, mais d'une prière à la portée de tous.  Don Ceria affirmait : «La différence spécifique de la piété salésienne consiste à faire du travail une prière.»  «Nous ne prions pas pour sanctifier le travail, comme si la sainteté était seulement dans la prière et non dans le travail apostolique; nous prions et nous travaillons, nous sommes plongés dans l'action et nous contemplons Dieu parce que, de l'intérieur, nous meut une même charité pastorale qui est l'âme de la prière et de l'action apostolique. Voilà le centre de notre vie intérieure, le lieu théologique où nous devons nous exercer, le matériel stratégique sur lequel il nous faut faire nos évaluations, nos examens, les recherches, les projets, les corrections, les propositions.» (Don Vigano)
 

à suivre ... (demain)

29 juillet 2009

Jésus est le Sacrement de l’amour qui touche l’homme aujourd’hui

Rencontre du Dieu vivant et de la liberté de l’homme
Jésus, hier, tu as plongé ton corps dans les eaux du Jourdain,
Aujourd’hui, ton Esprit touche les eaux de notre baptême.
 
Jésus, hier, tu as relevé la belle-mère de Simon,
Aujourd’hui, tu touches les malades que nous allons visiter.
 
Jésus, hier, tu as osé tendre la main vers les lépreux,
Aujourd’hui, par nos mains, tu touches les vieillards grabataires,
Les malades du sida, les sans domicile fixe aux plaies nauséabondes.
 
Jésus, hier, tu as pardonné au paralytique ses péchés,
Aujourd’hui, tu mets encore l’homme debout et tu l’invites à marcher.
 
Jésus, hier, tu as rompu le pain de vie pour nourrir les foules
Aujourd’hui, tu partages ton pain dans chacune de nos communautés.
 
Jésus, hier, tu as pris le sourd par la main et tu l’as guéri,
Aujourd’hui, tu touches nos oreilles, loin de l’agitation et du bruit.
 
Jésus, hier, tu as mis ton doigt sur la bouche du muet,
Aujourd’hui, tu touches notre langue qui se met à chanter.
 
Jésus, hier, tu as imposé les mains sur les petits enfants,
Aujourd’hui, tu touches le coeur de l’homme simple et droit.
 
Jésus, hier, tu as traversé les ténèbres de Gethsémani,
Aujourd’hui, tu touches nos souffrances et nos agonies.
 
Jésus, hier, tu es mort et ta foi a roulé la pierre du tombeau,
Aujourd’hui, tu touches notre mort et tu crées un homme nouveau.
 
Jésus , toi le Vivant,
Tu es l’unique Sacrement de la Vie et du Pardon ;
Tous les sacrements sont ton corps, tes mains, ta compassion,
La frange de ton manteau que tout homme peut encore toucher,
Aujourd’hui.
 

Michel Hubaut

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28 juillet 2009

REGARD

Il y a des personnes qui sont comme des lumières.  Des clartés: elles font lever les yeux!  Quand on les regarde, c'est comme une invitation à se redresser, à quitter les positions assises de l'habitude.  A grimper sur la montagne avec elles.  À devenir un autre.  À suivre leurs traces pour devenir soi-même dans le total épanouissement des beautés cachées en nous.
 
Dans la vie, beaucoup dépend des personnes que l'on choisit de regarder.  Puisque d'une certaine façon on décide de les suivre.  Puisque d'avance on sait qu'elles vont nous entraîner.  Puisque d'une certaine façon, on se prépare à leur ressembler.
 
Pas à les imiter! Jamais!  Mais à inventer soi-même sa vie en se laissant éclairer.
 
Si on regarde celui qui ne craint pas de parler avec courage pour dévoiler les injustices et les méchancetés, celle qui agit pour que chacun soit respecté...

Si on regarde celui ou celle qui est toujours prêt à rendre service, à faire passer l'autre avant lui, qui donne sans compter, qui partage et lutte contre la pauvreté...

Si on regarde celui ou celle qui met le sourire sur les lèvres, qui n'utilise pas le coup de griffes, qui place la bonté et la tolérance dans son regard et ses paroles, qui ne juge pas…

Si on regarde Jésus de Nazareth et son Évangile qui est une Bonne Nouvelle...
 
En regardant toujours la lumière, elle finit par se poser sur le visage, elle y reste et le transfigure.   
                                                                       

 

 

 Ch.SINGER "Terres"

 

27 juillet 2009

L'icône endommagée

 

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A moins de regarder une personne et de voir la beauté en elle, nous ne pouvons l'aider en rien.

 

 On n'aide pas une personne en isolant ce qui ne va pas chez elle, ce qui est laid, ce qui est déformé.

 

Le Christ regardait toutes les personnes qu'il rencontrait, la prostituée, le voleur, et voyait la beauté cachée en eux. C'était peut-être une beauté déformée, abîmée, mais elle était néanmoins beauté, et Il faisait en sorte que cette beauté rejaillisse.

 

C'est ce que nous devons apprendre à faire envers les autres.

 

Mais, pour y parvenir, il nous faut avant tout avoir un cœur pur, des intentions pures, l'esprit ouvert, ce qui n'est pas toujours le cas... afin de pouvoir écouter, regarder et voir la beauté cachée.

 

Chacun de nous est à l'image de Dieu, et chacun de nous est semblable à une icône endommagée. Mais si l'on nous donnait une icône endommagée par le temps, par les événements, ou profanée par la haine des hommes, nous la traiterions avec tendresse, avec révérence, le cœur brisé. C'est à ce qui reste de sa beauté, et non à ce qui en est perdu, que nous attacherions de l'importance.

 

Ainsi, nous devons apprendre à réagir envers chacun... 

                                                                     

 

 

Anthony Bloom, moine orthodoxe

extrait de la revue "Ombres et Lumière", n° 114, juin 1996