16 avril 2011

Prier, c'est respirer Dieu

 

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Il existe une prière contemplative, et elle n'est pas réservée aux moines. C'est la prière de Jésus pendant toute sa vie sur la terre, c'est la sienne maintenant qu'il est à la droite de Dieu, c'est la prière de l'Église, ce doit être celle de tout chrétien. Depuis toujours les hommes ont levé les yeux pour rejoindre l'Invisible. Partout, dans l'histoire des hommes, on constate cette passion pour les hauts lieux, les espaces aux larges horizons permettant de voir loin. Le mot « temple » ne signifiait pas, comme aujourd'hui, un bâtiment mais, avant toute construction, une esplanade - les chrétiens aimeront dire un parvis - donnant au regard le plus grand champ possible. Et le mot « contemplation » vient du mot « temple », avec la particule cum indiquant la capacité d'unification du regard.  Sur ces hauts lieux, on regarde mieux parce qu'on respire mieux. L'air pénètre plus à fond et revigore le corps, l'âme. Nous voici en pleine prière chrétienne. Respirer à fond, là est la question, la vraie ! Respirer l'air et, au-delà du « bon de l'air » qui nous réveille toujours, respirer cet air qui, dans la Bible, s'appelle le souffle de Dieu, son spiritus, l'Esprit saint.

Alors la prière contemplative a cette dimension du grand regard, du regard profond que procure la respiration de l'Esprit de Dieu. Prier, c'est respirer Dieu. Et, comme toute respiration, cette prière se fait en deux temps, une aspiration, une expiration, et les deux mouvements sont continuels. 

Vivre dans la profondeur

Si vous allez en Bretagne, dans les Côtes d'Armor, en bord de mer, vous voyez, à marée haute, les vagues continuellement couvrir puis découvrir les rochers. La prière est un va-et-vient semblable. Et différent, évidemment. Mais la comparaison n'est pas fausse. La prière a ces deux temps qui lui permettent de se prolonger et, comme la respiration humaine, de devenir la vie dans sa durée. Prier, c'est respirer longuement et c'est vivre dans la profondeur sans demeurer superficiel.

Le Christ nous détaille ces deux temps, il les condense dans les mots qui constituent le Notre Père. Mais avant même de donner cette formule, il a précisé pour les croyants qui veulent le suivre et donc prier-respirer comme lui, les deux conditions absolument nécessaires pour y réussir : que la prière vienne du fond du cœur. Et qu'elle soit toujours une prière plurielle, la prière qui tient compte des autres, disons qui s'intègre dans le plan de Dieu. C'est le fond du cœur que Dieu regarde. Il faut donc habiter son propre cœur, vivre dans ce lieu secret réservé au seul regard de Dieu, là où nul public ne nous admire, où nous aurons prié, non parce que c'est la mode ou l'habitude sociale, mais dans la liberté de l'amour. D'ailleurs, qu'on le veuille ou non, ce lieu est tellement personnel que personne sauf Dieu ne peut y habiter. Là se fait la prière en esprit et en vérité que le Christ apporte aux hommes. C'est là que se fait la respiration à fond permettant une longue marche, un effort vigoureux, un regard apaisé sur l'horizon.

Une fois respiré jusqu'à l'intime du cœur ce souffle de Dieu qu'est l'Esprit saint, il faut l'expirer, le rendre, car là est la condition de la vie. Jésus le signale : inutile de prier si le cœur est volontairement plein d'hostilité pour tout autre, c'est-à-dire buté, fermé. Mais une fois le cœur purifié par le pardon donné ou demandé, il faut respirer, souffler, diffuser l'amour sur tout être, sur toute chose, comme fit le Christ durant sa vie terrestre. Cela se fait spontanément quand la prière du cœur conserve les dimensions les plus larges, quand le cœur dilaté se découvre aimant Dieu et tout ce qu'il a fait. C'est cela l'expiration paisible de l'air qu'on a respiré, et qui est l'Esprit de Dieu.

Prier sans se lasser

Ce double mouvement de la prière secrète qui va se traduire en service des autres, est parfaitement exprimé dans les mots du Notre Père. On a remarqué que les formules de prières sont rares dans les Actes des Apôtres : deux s'adressent à Dieu, deux au Seigneur Jésus. Avec le Notre Père, en effet, tout est dit. C'est d'abord le regard silencieux sur Dieu, avec ces trois noms qui disent sa totale Présence : Ton Nom, Ton Règne, Ta volonté. Comme une inspiration venant combler le cœur. Puis, dans la seconde partie, vient l'expiration, l'expression des désirs humains essentiels, prière plurielle où tout homme se retrouve sans se lasser de la répéter. Dans les grands moments de troubles, les plus démunis font des cortèges et brandissent des banderoles où s'inscrit cet essentiel : le pain, la paix, la liberté. C'est exactement ce que la prière plurielle enseignée par Jésus fait demander à notre Père : le pain quotidien ; la paix, par le pardon mutuel ; la liberté par la libération du Mal (ou du Malin). Prière contemplative, vie contemplative, quand rien ne peut nous séparer de celui qui voit briller dans le secret du cœur de chacun ce que lui-même y a déposé.

La prière ne devient que lentement contemplative au sens plein. Mais le Christ le sait et, pour cela, nous a soigneusement prévenus : il faut prier sans se lasser. Tu parviendras, dit saint Benoît au moine. Cela est vrai pour tout priant.


Père Denis Huerre,
Moine bénédictin à l'abbaye de la Pierre-qui-Vire

Cet article a été publié dans la revue Panorama de décembre 1997.

 

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15 avril 2011

La grâce de la rencontre ...

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Seigneur, je te demande la Grâce de la rencontre...

Te rencontrer, Seigneur,
ce n'est pas le résultat d'un raisonnement,
c'est l'éclair de Ta présence en moi,
Présence immédiate, Présence silencieuse,
Présence bouleversante, car elle enveloppe tout mon être.

Quand je me fais très silencieux,
je sens que je vis,
je sens mon être en moi,
et à travers cette conscience de mon être,
je Te rencontre, Toi, mon Seigneur et mon Dieu.

Seigneur, je voudrais Te demander la grâce de savoir prier.
De Te prier longuement, intensément.
Et c'est pourquoi, je me tiens ici devant Toi,
pour que Ton regard repose sur moi.
Je suis simplement là pour que Ton Esprit prie en moi.

Je veux me tenir en silence devant Toi et arriver à ne rien dire
mais simplement à être devant Toi sous Ton regard.


Père Sébastien O. Praem

 

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14 avril 2011

Mon âme en moi s’effondre

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Voilà. C’est ça. Il y a des moments où tout semble s’écrouler. Où des séismes intérieurs viennent ébranler tout l’être. Où des tsunamis déferlent et semblent devoir tout emporter. Des moments où l’on perd pied. Où absolument tout s’embrouille. « Mon âme en moi s’effondre » (Psaume 42 7). D’autres traductions de ce verset, moins extrêmes peut-être, sont tout de même éloquentes : mon âme se recroqueville, mon être est abattu, me voici replié sur moi-même, mon esprit défaille, je suis (re)courbé…

Nous aimerions bien penser que les grandes crises sont exceptionnelles et n’arrivent – heureusement – qu’à quelques personnes envers lesquelles il importe de montrer beaucoup de compassion et un infini respect. Nous aimerions penser que l’histoire de Job, qui a tout perdu ou plutôt à qui tout a été enlevé, constitue un cas limite. Au fond, nous avons besoin de croire que nos vies sont, finalement, sans histoire. Et pourtant… Tout le monde a des restes de rêves et des coins de vie dévastés (Carla Bruni). Oui, tout être humain est un être blessé et il arrive très souvent que parce qu’elle est insupportable, cette blessure, souvent très ancienne, ait été reléguée aux oubliettes.

Les mots des chants utilisés au temple de Jérusalem et préservés par la Bible sous le nom de « psaumes », ont cette grande qualité de mettre l’âme à nu devant Dieu et de permettre, d’inviter, même, à dire : Voilà, c’est ça. C’est ça qui m’est arrivé. C’est ça qu’on m’a fait. C’est ça qui m’arrive, c’est ça qu’on me fait. Je suis brisé, dit ailleurs le même psaume 42 (11), mon âme fond, elle se liquéfie, elle perd sa substance et sa solidité (5), la seule nourriture qu’il me reste, c’est mes larmes (4).

Tous ceux et celles qui ont eu le courage de s’engager dans un processus thérapeutique ou qui ont eu le bonheur de trouver sur leur route humaine des personnes attentives capables de les accueillir tels qu’ils étaient, avec leur détresse, leur honte ou leur colère, savent combien le fait d’être vraiment entendu marque le départ de la guérison si on a été blessé, de la reconstruction si on a été démoli, de l’existence nouvelle si on a été anéanti.

Richesse de la spiritualité juive et de la spiritualité chrétienne : nous ne sommes pas seuls dans nos détresses, nous ne demeurons pas murés dans nos silences. Dieu entend. Dieu compatit. Dieu se fait proche. Des générations d’hommes et de femmes, individuellement et en communautés, en témoignent depuis plus de deux millénaires. Qui accepte de s’exposer devant Dieu, qui s’autorise à se déposer en sa présence tel qu’il ou elle est, avec sa souffrance ou même sa révolte face à l’inacceptable qu’on lui (a) fait, trouve un Consolateur. Un Défenseur. Un Appui. Voilà pourquoi ce même psaume 42 tourne-t-il autour d’un refrain : « Qu’as-tu, mon âme, à t’effondrer ? Pourquoi gémir sur moi ? Espère en Dieu » (6.12).

C’est nourri de cette assurance que Jésus lui-même est entré dans sa grande épreuve et c’est en y prenant appui qu’il l’a traversée. « Aux jours de sa fragilité humaine, il a offert, hurlant et pleurant, prières et supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Lettre aux Hébreux 5 7) et tous l’ont entendu crier le début du psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Il existe malheureusement très peu de lieux où ces cris peuvent être exprimés. La liturgie ou les rencontres de prière sont devenues tellement aseptisées, on les veut tellement lumineuses ou rassurantes, qu’il ne nous est plus possible d’y faire entendre vraiment les cris du sombre découragement, de la protestation contre l’inacceptable ou de l’inquiétude vertigineuse. Il reste, pour le moment, l’espace du silence, dans la solitude ou avec quelque fidèle complice capable de se tenir avec nous sur la crête de l’abîme. Dans la protestation et dans l’attente.

Attendre, espérer. Ce n’est pas rien. C’est peut-être même l’essentiel. « Espère en Dieu. Oui, je le remercierai encore, mon sauveur et mon Dieu » (Psaume 42 12).


Paul-André Giguère (www.spiritualite2000.org)

 

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13 avril 2011

« Venez à l'écart... » Marc 6, 30-31

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Les Apôtres se rassemblèrent autour de Jésus  et ils lui racontèrent  tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné.  Alors, il leur dit : « Venez à l'écart, dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. »

 

Les Apôtres étaient allés, deux par deux, dans les villages des environs pour annoncer la Parole de Dieu, guérir les malades et chasser les esprits mauvais. Ils avaient sans doute également écouté les gens leur raconter leurs rêves et leurs cauchemars, leurs espoirs et leurs désespoirs, leurs projets et leurs déceptions. Ils avaient trimé dur. Ils étaient sûrement fatigués. Mais en même temps, ils étaient contents du travail accompli.

C'est pourquoi ils se réunirent auprès de Jésus pour lui raconter ce qu'ils venaient de vivre. Un peu à la manière des enfants qui reviennent de l'école et qui racontent à leur maman ce qui s'est passé en classe. Un peu à la manière d'un benjamin qui raconte à son aîné ses premières expériences de travail ou de vie.

Jésus les écouta avec joie et reconnaissance. Il voyait certes en eux de bons collaborateurs et il était content de leur premier apprentissage apostolique. Mais il les savait fatigués et peut-être devinait-il qu'ils avaient besoin de parler encore de leurs expériences récentes, de se faire confirmer dans leur rôle de missionnaires.

C'est pourquoi il les invita à venir à l'écart, dans un endroit désert. Il les invita à s'éloigner pour un temps de ce qui faisait leur vie quotidienne. Il leur fit prendre un certain recul face à ce qu'ils venaient de vivre; il leur fit marquer une certaine distanciation vis-à-vis de leur travail.

Il les invita également à se reposer un peu. L'intériorité est en effet fort difficile dans l'agitation, l'activisme, l'éparpillement, la course continuelle. L'intériorité suppose du calme, du silence, de la paix, une certaine sérénité, même extérieure. L'intériorité exige la capacité de s'arrêter, de stopper la «course contre soi-même» (Lorenz), la course contre le temps, la course contre l'«ouvrage à faire», pour «se ramasser», se recueillir, se reposer... laisser descendre la mousse dans sa vie ou laisser calmer la vague sur son lac personnel.

Le Seigneur les invita à venir à l'écart dans un endroit désert pour se reposer un peu avec lui. L'intériorité n'est pas simple détente physique ou psychologique (encore que celle-ci soit bien commode et puisse y contribuer grandement). Elle est surtout paix avec le Seigneur et dans le Seigneur. Elle consiste souvent à être avec lui dans le silence et la tranquillité, dans la solitude, dans le secret aussi. Elle consiste également à nous raconter au Seigneur, pour qu'il nous confirme dans ce que nous sommes et dans ce que nous faisons ou tout simplement pour nous réchauffer à son contact: «Je tiens mon âme en paix et en silence... comme un enfant tout contre sa mère.» (Psaume 131, 2)


Jules BEAULAC, Je parlerai à ton cœur, Médiaspaul 1995, p. 25 s.

 

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12 avril 2011

Dialogue de hotline

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- Bonjour Madame, comment puis-je vous aider?
  
- Je voudrais installer le programme "Amour". Pourriez-vous m'indiquer la procédure, s'il vous plait?

- Bien sûr, prête pour l'installation?

- Oui, mais je n'y connais pas grand chose en programmation. Par quoi commence-t-on?

- Ouvrir votre cœur est la première étape pour l'installation. Avez-vous localisé votre coeur, Madame?

- Oui, je l'ai trouvé. Mais il y a d'autres programmes qui fonctionnent en même temps, puis-je continuer l'installation tout de même?

- Voyons voir. Quels autres programmes fonctionnent présentement dans votre coeur?

- Et bien, je vois "Blessures-du-passé.exe", "Mauvaise-estime-de-soi.exe", "Rancune.doc" et "Colère.com".

- Pas de problème, Madame. L'installation de votre programme "Amour" effacera graduellement les "Blessures-du-passé" de votre système. De plus, durant l'installation, le programme "Amour" remplacera votre "Mauvaise-estime-de-soi" par son propre programme intégré, "Meilleure-estime-de-soi". Par contre, vous devez absolument fermer vos fichiers "Rancune" et "Colère", car ceux-ci pourraient empêcher votre programme "Amour" de fonctionner correctement.

- D'accord, mais pourriez-vous m'indiquer comment les fermer correctement?  

- Allez dans votre menu principal et trouvez le programme "Pardonner". Démarrez-le et faites-lui faire le ménage de votre système au complet. Vérifiez qu'il enlève complètement la "Rancune" et la "Colère". Cela est très important.  

- D'accord, c'est fait. L'installation du programme "Amour" a démarré automatiquement, est-ce normal?

- Oui, il est programmé pour s'installer aussitôt que la "Rancune" et la "Colère" ont été supprimés de votre système. Vous devriez recevoir un message vous demandant si vous voulez installer "Amour pour la vie" dans votre système. Est-ce que vous l'avez reçu?    

- Oui, je l'ai reçu. Et j'ai répondu oui. Est-il bien installé, maintenant?

- Oui, mais souvenez-vous que votre programme "Amour" est une version partagée. Vous devriez vous connecter à d'autres cœurs pour des mises à jour essentielles à son bon fonctionnement.  

- Oups, je viens de recevoir un message d'erreur, déjà!   

- Que dit ce message, Madame?  

- Le message dit "ERROR 142 - PROGRAM NOT RUNNING ON INTERNAL COMPONENTS". Qu'est-ce que ça veut dire?

- C'est un problème commun qu'on voit souvent lors de la première installation.   

- D'accord. Que dois-je faire, alors?

- Regardez dans votre menu principal, vous devriez voir les cases "S'accepter-soi-même". Je vous conseille, si cela n'est pas déjà fait, de cocher aussi les cases "Se pardonner soi-même", "S'auto-féliciter" et "Connaître ses propres limites". D'ailleurs, vous devriez supprimer les options "S'auto-critiquer" et "Se renfermer sur soi-même".

- C'est fait! Tiens, il y a de nouveaux fichiers qui viennent d'apparaître dans mon cœur... Il y a le fichier "Sourire.jpg" qui vient de s'ouvrir, puis le fichier "Bonheur.mpg" qui se met à jouer et le programme "Paix-intérieure.exe" qui vient de démarrer. Ho là là, est-ce normal ces nouvelles couleurs et ces nouveaux sons?

- Oui, Madame, tout à fait normal. Et il y en a beaucoup plus, vous les découvrirez tout au long de vos futures mises à jour. Une dernière chose avant de terminer...

- Oui? 

- N'oubliez pas que ce programme est gratuit. Et en tant que logiciel partagé, il vous serait profitable de le partager avec les autres qui pourraient en avoir de besoin. N'oubliez pas que plus vous partagerez avec d'autres cœurs, plus votre programme se développera.

- Je vous remercie de tout cœur, Monsieur.

 

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