16 novembre 2010

la Religion

de Khalil GIBRAN.

 

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Et un vieux prêtre dit,
Parlez-nous de la Religion.

Et il dit :
Ai - je parlé aujourd’hui de quelque autre chose ?

La religion n’ est -ce pas tout acte et toute réflexion.  Et ce qui n’est ni acte, ni réflexion, mais un étonnement et une surprise toujours naissant dans l’âme, même lorsque les mains taillent la pierre ou tendent le métier ?

Qui peut séparer sa foi de ses actions ou sa croyance de ses occupations ?

Qui peut étendre ses heures devant lui, disant : « Ceci pour Dieu et ceci pour moi-même ; ceci pour mon âme et ceci pour mon corps ? »

Toutes vos heures sont des ailes qui battent à travers l’espace d’un moi à un moi.

Celui qui ne porte sa moralité que comme son meilleur vêtement, il vaudrait mieux qu’il fût nu. Le vent et le soleil ne feront pas de trous dans sa peau.

Et celui qui règle sa conduite selon l’éthique emprisonne son oiseau -chanteur dans une cage. Le chant le plus libre ne passe pas à travers des barreaux et des fils de fer.

Et celui pour qui l’adoration est une fenêtre, à ouvrir mais aussi à fermer, n’a pas encore visité la demeure de son âme dont les fenêtres sont ouvertes d’une aurore à l’autre.

Votre vie quotidienne est votre temple et votre religion.

Lorsque vous y pénétrez prenez tout votre être avec vous.

Prenez la charrue et la forge et le maillet et le luth, les choses que vous avez modelées dans le besoin ou pour votre délice.

Car en rêve vous ne pouvez vous élever au-dessus de vos achèvements ni tomber plus bas que vos échecs.

Et prenez avec vous tous les hommes : car en adoration vous ne pouvez voler plus haut que leurs espérances ni vous abaissez plus bas que leur désespoir.

Et si vous voulez connaître Dieu, ne soyez pas préoccupés de résoudre des énigmes. Regardez plutôt autour de vous et vous Le verrez jouant avec vos enfants.

Et regardez dans l’espace : vous le verrez marchant dans les nuages, étendant Ses bras dans l’éclair et descendant en pluie.

Vous le verrez souriant dans les fleurs puis se levant et mouvant Ses mains dans les arbres

15 novembre 2010

La vie

 

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La vie, c’est bouger, courir et chanter,
C’est croire à la vie et regarder l’avenir avec des yeux rieurs
C’est se sentir bourgeon prêt à devenir fleur,
C’est faire le pas et oser grandir parce que le soleil est là,
C’est croire que le printemps va venir et se fier à la chaleur
Qu’on découvre dans son cœur et qui s’appelle amour.

La vie, c’est se sentir entouré et donner
La main à quiconque passe sur le chemin,
C’est se confier et recevoir la confidence.

La vie, c’est regarder tout cela après l’avoir rassemblé
Pour en faire un bouquet et y découvrir caché, Jésus ressuscité.
Il est la vie et il est là où il y a source de vie.


G. BALTHAZARD.            

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14 novembre 2010

ballotin du dimanche 14 novembre

 

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« Il est bon de désirer beaucoup, mais il faut mettre ordre aux désirs, et les faire sortir en effets, chacun selon sa saison et votre pouvoir.  Dieu désire plus que nous la fidélité aux petites choses qu’il met en notre pouvoir que l’ardeur aux grandes qui ne dépendent pas de nous. »  (Lettre à Mme de Soulfour  1603  n°181)

« Hé ! Ne connais-tu pas que tu es au chemin, et que le chemin n’est pas fait pour s’asseoir mais pour marcher ? »  (T.A.D. 3, XXXVIII)

« Je vois que votre cœur a toujours un grand désir de bien faire et une crainte de l’imprudence ; mais ne le tourmentez point, je vous prie, ce cœur bien-aimé, redressez-le doucement pour l’amour de Dieu à qui il est dédié, qui le bénira et favorisera en tout ce qui sera pour sa gloire. »  (Lettre à la Mère de Chastel  1619-1621  n°2044)

« Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce vous doit être suspect, car quiconque loue une marchandise qu’il ne peut acheter il est pour l’ordinaire grandement tenté de la dérober. »  (I.V.D. 3, XXXVIII)

« Il ne faut pas, ni rompre les cordes, ni quitter le luth quand on s’aperçoit du désaccord ; il faut prêter l’oreille pour voir d’où vient le détraquement et doucement, tendre la corde ou la relâcher, selon que l’art le requiert. »  (Lettre à la Présidente de Herse  1620  n°1675)

13 novembre 2010

L’ange du renoncement

 

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L’ange du renoncement n’a pas la tâche facile de nos jours. Bien des gens en effet associent le mot de renoncement à une morne ascèse. Et pourtant, Dieu veut que nous ayons la vie dans toute sa plénitude. Pourquoi donc renoncer ? Ne s’agit-il pas aujourd’hui de consommer le plus possible, de s’accorder le plus d’agréments et de jouissances possible ? Nous avons bien sûr quantités d’exemples de gens qui, à force de renoncements, sont devenus insupportables. Mais est-il absolument inévitable que le renoncement entraîne une attitude d’hostilité à la vie ?

Renoncer, cela veut dire, en fait, cesser de revendiquer quelque chose qui en principe me revient. Le but en est d’accéder à la liberté intérieure. Celui qui veut avoir tout ce qu’il aperçoit vit dans un état de dépendance totale, il est déterminé du dehors, privé de liberté.

Le renoncement, c’est l’expression de la liberté intérieure. Si je sais renoncer à quelque chose qui me fait normalement plaisir, je suis libre. Le renoncement peut être un entraînement à la liberté. Si par exemple je renonce pendant le carême à l’alcool et à la viande, je m’y entraîne. J’essaie, pour voir si j’arrive à passer six semaines sans boissons alcoolisées, sans viande, sans tabac, sans télévision, voire sans café.

Si je réussis, je me sens bien ; j’ai le sentiment  de n’être pas simplement l’esclave de mes habitudes, que je n’ai pas un besoin absolu de ces stimulants : je me sens libre. Or, notre dignité d’hommes implique la liberté. Si, étant fatigué, j’ai l’impression d’avoir besoin de café, maintenant, tout de suite, c’est que je tombe dans la dépendance, et, en fin de compte, cela m’irrite : je perds ma dignité d’être capable de disposer de lui-même, ce sont plutôt mes besoins subjectifs qui disposent de moi.

A l’occasion d’une émission télévisée sur le thème « Renoncer au plaisir, ou se l’accorder, ou les deux ? », j’ai été interrogé sur ce point, en ma qualité de moine, en même temps qu’un spécialiste de la question et qu’une sexologue. Tous les trois, nous nous sommes trouvés d’accord pour estimer qu’il n’y avait pas de plaisir sans renoncement. Celui qui veut seulement le plaisir ne l’obtiendra pas. Je peux déguster sans problème une part, deux parts de tarte ; mais à la quatrième au plus tard, il ne s’agit plus de plaisir, je ne fais plus que m’enfourner la tarte. Bien des gens aujourd’hui sont devenus incapables d’éprouver du plaisir parce qu’ils ne savent plus renoncer.

Autrefois, c’était plutôt l’inverse. Bien des chrétiens se sont systématiquement privés de plaisir en menant une vie ascétique à l’excès ; pour eux, le plaisir était en soi quelque chose de suspect. Ce point de vue était tout aussi étroit que celui qui consiste aujourd’hui à vouloir tout avoir. L’avidité empêche le plaisir.

Je te souhaite, ami lecteur, d’être conduit par l’ange du renoncement à la liberté intérieure ; qu’il te rende capable de goûter vraiment ce qu’il t’est donné de vivre, d’être tout entier à ce que tu es en train de faire, de sentir pleinement le goût de ce que tu manges, de ce que tu bois. Tu sentiras que cet ange est aussi celui du plaisir et de la joie, et qu’il te fera du bien.

En renonçant à ce qui te revient tout à fait normalement : manger, boire, regarder la télévision, par exemple, c’est toi-même que tu gagnes ; c’est ta vie que tu prends en main. Puisse cet ange t’initier à l’art de vivre par toi-même, de disposer librement de toi-même et prendre ainsi plaisir à la vie.

... un moine

12 novembre 2010

Esperer.

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Que de gens de par le monde,
N’ont plus d’espoir…
Parce que la maladie ronge le corps,
Parce que la solitude mine l’esprit,
Parce que des blessures meurtrissent le cœur.

Que de gens de par le monde
Ne voient pas d’issue à leur misère,
Ne croient plus l’amour possible,
Ne savent plus comment s’en sortir…

Des gens qui capitulent et désespèrent.

Pourtant, vivre c’est espérer,
C’est croire qu’au fond du pire des humains
Bat un cœur de chair capable d’aimer.

Espérer c’est souffler sur la braise
Jusqu’au jaillissement de la flamme.

Espérer c’est croire que derrière le nuage le plus sombre
Un rayon de soleil attend l’effet d’une brise légère
Pour égayer le passant.

Espérer c’est mettre sa confiance
En un Dieu vivant et agissant
Au cœur des réalités humaines,
Un Dieu toujours présent
Et ouvrant à chacun un avenir.


Bernard HUBLER

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