13 mars 2018

Inconnus mais pas étrangers

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Va à l’étranger comme chez ton ami
Et chez ton ami comme à l’étranger

Depuis longtemps nos langues nous séparent
malgré les montagnes, les plaines, les rivières
que nous avons grimpées, traversées, longées ...

Depuis longtemps nos dieux nous séparent
malgré le désert, le ciel, la mer
que nous avons priés

Le pommier est-il l’étranger du pin ?
L’oranger, celui du chêne ?

Le reflet du peuplier
dans la rivière de Castille
est-il plus clair que celui du bouleau
dans un lac de Finlande ?
La neige qui tombe à Odense 
au Danemark, le jour de Noël, 
est-elle plus blanche
que celle qui tombe des rêves du Touareg
à Bamako, le jour de l’Aïd ?

La lune que je contemple ce soir
dans l’hémisphère nord est-elle plus ronde
que celle qu’on ne voit pas ce soir
dans l’hémisphère sud ?

Depuis longtemps nos langues nous attirent
grâce aux pains, aux chants
que nous partageons autour de la même table
et la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages, nos quartiers
dans notre ville, de notre pays

ils font de l’inconnu un étranger.

Yvon le Men
(Une île en terre, les continents sont des radeaux)

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Commentaires

Merci pour ce beau texte .

En écho , une réflexion du théologien François Euvé qui cite aussi André Wenin .
ET ensuite une prière du Père Dominique Lang pour le temps du Carême


Un extrait d' un texte de François Euvé,

L ' ETRANGER

« ... Ainsi l' étranger, ce n' est pas d' abord l' autre, celui qui vient d' ailleurs, le différent, celui qui ne me ressemble pas. Sans doute y- a t- il un devoir d' hospitalité à l' égard de l' hôte de passage, commun à toutes les cultures . Mais la conscience d' être soi- même un étranger , de passage sur cette terre, change tout .

Comme l' écrit André Wenin «  celui qui sait que l' étranger c' est lui, ne fait plus de distinction entre l' autre dont la ressemblance apparente inspire confiance et l' autre dont la différence trop évidente fait peur . »
- François Euvé -
PANORAMA de Juin 2016, n° 530 , p . 18

Prière pour un temps de carême
par Père Dominique Lang, prètre assomptionniste,
.
Esprit Créateur, toi qui,
depuis le commencement du monde,
tiens ce monde dans le cœur de Dieu,
viens à notre aide
alors que nous entrons dans ce temps du désert.
Quarante jours durant,
nous voilà confrontés à nous-mêmes.

A ce qui hurle en nous et à ce qui a peur.
A ce qui nous ment et à ce qui nous tente.
Mais aussi à ce qui a faim et soif
A ce qui pleure et demande
A ce qui attend et espère
A ce qui croît et à ce qui sait.

Avec toi, nous prenons la route de notre Pâque.
En chemin, tu nous invites à partager
Simplement
Le pain de la rencontre
L’eau fraîche de la vie
L’huile nouvelle des cœurs purs
Le vin délicat des artisans de justice
Tout ce qui nous nourrit
Tout ce qui nous grandit
Tout ce qui nous prépare
Ta Parole seule sait lui donner son vrai sens
Ta Présence seule sait lui offrir un bonheur

Reçois la décision que nous prenons
En nous mettant en route.
celle de simplifier notre vie
En retrouvant les espaces de la prière
Dans le quotidien de nos vies
En goûtant la joie du partage
De nos biens avec ceux qui en manquent

En remettant sur notre table
Des fruits plus justes de notre travail
et du travail des hommes et des femmes de ce temps.
En choisissant, pour un temps au moins,
de ne pas empiéter sur la vie des autres
Celle de nos frères et soeurs en humanité
Et aussi celle de nos compagnons d’existence
Partageant un même mystère de vie

Donne-nous de savoir déraciner en nous
Le goût de prendre
Pour retrouver celui de recevoir
L’impatience de posséder
Pour choisir celle de partager
La volonté de dominer
Pour ne garder que celle d’apprendre à aimer
Toi, Esprit du Christ ressuscité,
Donne-nous de vivre notre Pâque
Dans ton souffle
AMEN
- Père Dominique Lang -

Ce 13 mars , bonne fête Rodrigue !

Écrit par : Myriam de Terwangne | 13 mars 2018

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