Inconnus mais pas étrangers (13 mars 2018)

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Va à l’étranger comme chez ton ami
Et chez ton ami comme à l’étranger

Depuis longtemps nos langues nous séparent
malgré les montagnes, les plaines, les rivières
que nous avons grimpées, traversées, longées ...

Depuis longtemps nos dieux nous séparent
malgré le désert, le ciel, la mer
que nous avons priés

Le pommier est-il l’étranger du pin ?
L’oranger, celui du chêne ?

Le reflet du peuplier
dans la rivière de Castille
est-il plus clair que celui du bouleau
dans un lac de Finlande ?
La neige qui tombe à Odense 
au Danemark, le jour de Noël, 
est-elle plus blanche
que celle qui tombe des rêves du Touareg
à Bamako, le jour de l’Aïd ?

La lune que je contemple ce soir
dans l’hémisphère nord est-elle plus ronde
que celle qu’on ne voit pas ce soir
dans l’hémisphère sud ?

Depuis longtemps nos langues nous attirent
grâce aux pains, aux chants
que nous partageons autour de la même table
et la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages, nos quartiers
dans notre ville, de notre pays

ils font de l’inconnu un étranger.

Yvon le Men
(Une île en terre, les continents sont des radeaux)

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