11 janvier 2015

Offrir un printemps

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« Il est urgent d’éradiquer ce principe de compétition qui place l’enfant, dès sa scolarité, dans une rivalité terrible avec les autres et lui laisse croire que s’il n’est pas le meilleur, il va rater sa vie. Beaucoup répondent à cette insécurité par une accumulation stupide de richesses, ou par le déploiement d’une violence qui vise à dominer l’autre, que l’on croit devoir surpasser. Aujourd’hui, on est tout fier lorsqu’un enfant de 5 ans sait manipuler la souris de l’ordinateur et compter parfaitement. Très bien. Mais trop d’enfants accèdent à l’abstraction aux dépens de leur intériorité, et se retrouvent décalés par rapport à la découverte de leur vraie vocation.
 
Dans notre jeune âge, nous appréhendons la réalité avec nos sens, pas avec des concepts abstraits. Prendre connaissance de soi, c’est d’abord prendre connaissance de son corps, de sa façon d’écouter, de se nourrir, de regarder, c’est ainsi que l’on accède à ses émotions et à ses désirs. Quel dommage que l’intellect prime à ce point sur le travail manuel. Nos mains sont des outils magnifiques, capables de construire une maison, de jouer une sonate, de donner de la tendresse.
 
Offrons à nos enfants ce printemps où l’on goûte le monde, où l’on consulte son âme pour pouvoir définir, petit à petit, ce à quoi l’on veut consacrer sa vie. Offrons-leur l’épreuve de la nature, du travail de la terre, des saisons. L’intelligence humaine n’a pas de meilleure école que celle de l’intelligence universelle qui la précède et se manifeste dans la moindre petite plante, dans la diversité, la complexité, la continuité du vivant. »
 
Pierre Rabhi
 
 

10 janvier 2015

C'est entendu !

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Ce que nous avons entendu nous répéter quand nous étions enfants... 
(et peut-être le disons-nous aussi à nos propres enfants… ?) :
 
"Arrête-toi, bouge un peu, doucement, dépêche-toi, ne touche pas, sois attentif, finis de manger, lave-toi les dents, ne te salis pas, tu t'es encore sali, reste tranquille, tais-toi, alors tu réponds ? Excuse-toi, dis bonjour, viens ici, laisse-moi tranquille, va jouer, ne dérange pas, ne cours pas, ne transpire pas, fais attention tu vas tomber, je te l'ai dit : tu vas tomber, tant pis pour toi, tu ne fais jamais attention, tu es un incapable, tu es trop petit, c'est moi qui le fais, maintenant tu es un grand, va te coucher, lève-toi, tu le feras plus tard, je suis occupé, joue tout seul, ne reste pas au soleil, va au soleil, on ne parle pas la bouche pleine … "
 
Ce que nous aurions voulu nous entendre dire lorsque nous étions enfants...
(et peut-être pourrions-nous le dire aussi à nos propres enfants ?) :
 
"Je t'aime, tu es beau, je suis heureux de t'avoir, parlons un peu de toi, prenons un peu de temps pour nous, comment vas-tu ? Tu es triste, tu as peur, pourquoi n'as-tu pas envie ? Tu es souple et léger, tu es aimable, raconte-moi, qu'est-ce que tu as essayé là ? Tu es heureux, j'ai plaisir à te voir rire, tu peux pleurer si tu en as envie, tu as l'air malheureux, de quoi souffres-tu ? Tu peux dire tout ce que tu veux, j'ai confiance en toi, tu me plais, quand est-ce que je te déplais ? Je t'écoute, tu es amoureux, qu'en penses-tu ? Je suis content d'être avec toi, j'ai envie de t'écouter, quand est-ce que tu es le plus malheureux ? Tu me plais tel que tu es, que c'est beau d'être ensemble, dis-moi si je me suis trompé… ".
 
Bruno Ferrero

Extrait de "Graines de Sagesse", 

Comme un parfum de rose.
 
Voir la vidéo du jour  

09 janvier 2015

« Va avec la force que tu as... »

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Mon frère, écoute-moi. C'est vrai, tu te sens bien impuissant.
Tu es fatigué de tout et surtout de toi-même.
Mais, souviens-toi, quelque part dans le vieux Livre, 
il est écrit : "Va avec la force que tu as : n'est-ce pas Dieu qui t'envoie ?" (Juges 6,14).
 
Tu n'as que la force que tu as. Mais va quand même.
Cette force t'est donnée par Celui qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles.
Elle doit te suffire. Elle te suffira.
 
Il te faut apprendre à être pauvre et à marcher avec peu.
Il te faut croire avec peu de foi, espérer avec peu d'espérance et aimer avec peu d'amour.
 
La plante doit apprendre à pousser là où elle a été semée, et avec ce qu'elle a.
Elle ne choisit pas le terrain mais elle l'utilise.
Certes, c'est vrai, elle ne peut pas changer le monde
mais la plus humble pâquerette peut fleurir son arpent de terre.
 
Prépare ta journée de demain comme si c'était la dernière que tu aies à vivre sous ce soleil.
Alors elle sera peut-être la première d'une vie nouvelle.
 
Tu as peu de possibilités, certes, mais elles te suffisent.
Pose ta pierre, ainsi tu contraindras Dieu à construire la maison.
 
Sème ta graine, Dieu devra bien la faire pousser.
Panse le blessé, il faudra bien que Dieu le guérisse.
 
Alors, un jour, un jour bientôt peut-être, la porte entr'ouverte de ta maison laissera passer tant de silence qu'il recouvrira les amertumes du jour, tant de lumière qu'elle envahira les ombres et les tristesses, et tant d'amour qu'il n'y aura plus ni cri, ni clameur, ni souffrance.
 
Pasteur Alain Houziaux
 
 

08 janvier 2015

Paix sur la terre

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Armé de sa plume de bois,
Jamais il ne ferait le poids
Contre le feu des carabines
Crépitant tout près des collines.
 
Il le savait - depuis le temps ! -
Que même les joyeux enfants
S'en vont sous le coup des mitrailles
Guerre après guerre, et représailles.
 
Mais, petit poète écolier,
Il s'appliquait, sur son cahier,
A former des mots à la ronde
Pour changer la face du monde.
 
A trompe-mort il disait jeu
Et à contre-sang, ruisseau bleu ;
Au lieu de haine : bienveillance
A rebrousse-peur, espérance.
 
Page après page il arrivait
A la dernière et dessinait
Un soleil qui - tu le devines ! -
Souriait tout près des collines.
 
Marie-Claude Pellerin
 
 

07 janvier 2015

Le regard

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Maintenant, je vais clore, Seigneur, mes paupières, 
car mes yeux ont ce soir achevé leur service. 
Et mon regard, en mon âme, va rentrer 
Après s'être promené une journée dans le jardin des hommes. 
 
Merci, Seigneur, pour mes yeux, fenêtres ouvertes sur le grand large ; 
Merci pour le regard qui transporte mon âme
comme le rayon généreux conduit la lumière et la chaleur de ton soleil. 
Je te prie dans la nuit, afin que, demain, lorsque j'ouvrirai mes yeux au matin clair, 
Ils soient prêts à servir et mon âme et son Dieu. 
 
Fais que mes yeux soient clairs, Seigneur, 
Et que mon regard tout droit donne faim de pureté ; 
Fais qu'il ne soit jamais un regard déçu, désabusé, désespéré. 
Mais qu'il sache admirer, s'extasier, contempler. 
 
Donne à mes yeux de savoir se fermer pour mieux Te retrouver ; 
Mais que jamais ils ne se détournent du Monde parce qu'ils en ont peur. 
Donne à mon regard d'être assez profond pour reconnaître Ta Présence dans le Monde. 
Et fais que jamais mes yeux ne se ferment sur la misère des hommes. 
 
Que mon regard, Seigneur, soit net et ferme 
Mais qu'il sache s'attendrir, 
Et que mes yeux soient capables de pleurer. 
 
Fais que mon regard ne salisse pas celui qu'il touche, 
Qu'il ne trouble pas mais qu'il apaise. 
Qu'il n'attriste pas mais qu'il communique la Joie. 
Qu'il ne séduise pas pour retenir captif. 
Mais qu'il invite et entraîne à se dépasser. 
 
Fais qu'il gêne le pécheur parce qu'il y reconnaît Ta lumière, 
Mais qu'il ne soit un reproche que pour encourager. 
Fais que mon regard bouleverse, parce que c'est une rencontre, la Rencontre de Dieu. 
Qu'il soit l'appel, le coup de clairon qui mobilise tout le monde sur le pas de sa porte. 
Non à cause de moi, Seigneur. 
Mais parce que Tu vas passer. 
 
Pour que mon regard soit tout cela, Seigneur, une fois de plus ce soir, 
Je Te donne mon âme; 
Je Te donne mon corps; 
Je Te donne mes yeux, 
Afin qu'en regardant les hommes mes frères, 
Ce soit Toi qui les regardes, 
Et de chez moi leur fasses signe.
 
Michel Quoist 
 
 
 

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