27 janvier 2009

NOUS Y SOMMES : "sauvez-moi, ou crevez avec moi"

sanstitre15

 

A faire passer ....


NOUS Y SOMMES

 

Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.

 

Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance.

 

Nous avons chanté, dansé.

 

Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine.

Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.

 

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

 

Franchement on s'est marrés.

Franchement on a bien profité.

Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.

 

Certes. Mais nous y sommes.

A la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.

 

« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

 

Oui.

 

On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.

 

C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies.

 

La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.

De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.

Son ultimatum est clair et sans pitié :

Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).

 

Sauvez-moi, ou crevez avec moi.

Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.

 

D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.

Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.

 

Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, (attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille) récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).

 

S'efforcer. Réfléchir, même.

 

Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.

Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.

Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.

Pas d'échappatoire, allons-y.

 

Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.

 

Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.

 

A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut être.

 

A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.

A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

 

Fred Vargas

Archéologue et écrivain


 

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26 janvier 2009

de St François de Sales, sur l'Eucharistie ...


 

"Notre-Seigneur est comme le soleil qui va partout."

"Ne vous éloignez pas de votre Soleil, si vous voulez être éclairé : C'est une fournaise d'amour où nos tiédeurs seront consumées ; C'est un baume précieux qui guérira vos blessures ; C'est enfin un trésor de toutes les grâces qui vous enrichira."

"La mémoire vivante de la Passion de Jésus-Christ est l'Eucharistie."

"Le dernier miracle que Notre Seigneur opéra avant sa mort fut l'institution de l'Eucharistie, où il est vraiment et efficacement présent. Nous croyons cette vérité et ce Mystère, qui est le plus grand et le plus obscur de tous avec celui de l'Incarnation ; toutefois, parce que la foi nous l'enseigne, nous croyons que Jésus Christ est en ce très saint Sacrement en corps et en âme. L'Apôtre dit que le chrétien est nourri de la chair vivante et du sang du Dieu vivant."

"Le soleil des exercices spirituels est le très saint, sacré et très souverain sacrifice et sacrement de la messe, centre de la religion chrétienne, cœur de la dévotion, âme de la piété, mystère ineffable qui comprend l'abîme de la charité divine, et par lequel Dieu s'appliquant réellement à nous, nous communique magnifiquement ses grâces et faveurs."

25 janvier 2009

De St François de Sales, sur la vertu de patience ...


"Il faut, pour bien cheminer, nous appliquer à bien faire le chemin que nous avons plus près de nous, et la première journée, et non pas s'amuser à désirer de faire la dernière pendant qu'il faut faire la première."

 

"Il faut avoir un cœur de longue haleine ! Les grands desseins ne se font qu'à force de patience et de longueur de temps.  Les choses qui croissent en un jour se perdent en un autre !"

"Les cerisiers portent très tôt leurs fruits parce que leurs fruits ne sont que des cerises de peu de duré; mais les palmiers, princes des arbres, ne portent leurs dattes que cent ans après qu'on les a plantés, dit-on : une médiocre vie se peut acquérir en un an, mais la perfection à laquelle nous prétendons, ô Dieu, elle ne peut venir qu'en plusieurs années."

"Que gagne-t-on de s'opposer aux vents et aux vagues, sinon de l'écume ?"

"Sachez que la vertu de patience est celle qui nous assure le plus de la perfection, et s'il la faut avoir avec les autres, il faut aussi l'avoir avec soi-même. Ceux qui aspirent au pur amour de Dieu n'ont pas tant besoin de patience avec les autres comme avec eux-mêmes. Il faut souffrir notre propre imperfection pour avoir la perfection." 

24 janvier 2009

"Ami des Hommes, amant de Dieu"

Aujourd'hui, nous fêtons St François de Sales.  Nous vous invitons à "l'approcher" à travers cette réflexion et à poursuivre votre découverte en parcourant les pages que nous lui consacrons sur notre site.  Bonne fête à toutes et à tous !

 


 


C'est grâce à ce double amour, dans son comportement comme dans ses écrits, que tout chez saint François de Sales a été harmonieusement clair, aimable.  Quoiqu'il nous attire vers les plus hauts sommets de la spiritualité, il est peut-être le plus simple et le plus équilibré des saints.  Et le plus actuel.

 

On sait que les deux ouvrages les plus célèbres de saint François de Sales sont l' "Introduction à la Vie Dévote" et le "Traité de l'Amour de Dieu".

 

Un psychologue avisé.  Le premier, attrayant comme son auteur. parsemé d'images pittoresques et de formules vivantes, a été destiné non seulement aux contemplatifs, mais à tous les hommes et femmes qui restent dans le monde.  Ce beau livre a surtout un objectif moral et pourrait se résumer ainsi: la vraie dévotion présuppose l'amour de Dieu; il faut la rendre aimable, bienveillante pour autrui, sans retour sur soi-même; sans affection ni faux-semblant
 
A cette fin, il faut rester simples, pour pratiquer une sincère humilité, qui est la "porte de toutes les vertus", alors que la charité en est la fin.  Humilité et charité sont reliées par "une chaîne d'or"; toutes les autres vertus y sont enchâssées, et nos actes les plus méritoires n'acquièrent de valeur que si nous y mêlons au moins "une once d'amour"
 
Or, qu'est-ce que l'amour s'il ne tend pas au don généreux de soi-même, notamment à l'abdication de notre amour-propre, c'est-à-dire l'humilité.  Et à quoi servirait l'humilité si elle se bornait au mépris de soi-même, alors qu'il s'agit de se renoncer à soi-même pour s'offrir à ceux qu'on aime, au prochain et à Dieu?  Notre évêque était un psychologue avisé.  De même qu'il a décrit la vraie dévotion, qui doit être aimable aux autres, il circonscrit l'humilité véritable en dénonçant ses multiples contrefaçons.  Il constate notamment que:
 
" Nous disons maintes fois que nous ne sommes rien, mais nous serions bien marris qu'on nous prît au mot... Nous faisons semblant de fuir ou de nous cacher, afin qu'on nous coure après et qu'on nous cherche... La vraie humilité ne fait pas semblant de l'être et ne dit guère de paroles d'humilité, car elle ne désire pas seulement de cacher les autres vertus, mais principalement elle souhaite de se cacher soi-même "
 
Pareillement, il dénonce la fausse générosité, qui est souvent paternaliste, en ce sens que nous sommes portés à donner ce qui nous plaît à offrir, au lieu de donner ce qui vraiment plaît à nos obligés:
 
"S'employer, voire donner sa vie pour le prochain, n'est pas tant que de se laisser employer au gré des autres"  Ou encore: "Il faut reconnaÎtre notre néant, mais n'y faut pas demeurer"  Ce serait enfouir lâchement "le talent" que Dieu nous avait confié... A ses moniales, qui ambitionnent de grandes mortifications, il donne ce conseil bien simple, mais non moins héroïque: "Ne rien demander, ne rien refuser!" Essayons d'imaginer ce que cela représente.
 
Aux gens du monde: "la volonté de Dieu est que, pour l'amour de Lui, vous aimiez franchement votre état... Ne semez pas vos désirs sur le jardin d'autrui, cultivez seulement le vôtre".  Quant à certains esprits inquiets, qui voudraient toujours faire autre chose et mieux, et qui s'épuisent en conjectures: "Pensons seulement à bien faire aujourd'hui; et quand le jour de demain arrivera, il s'appellera aujourd'hui, et alors nous y penserons...  Il faut faire provision de manne pour aujourd'hui et pas plus; Dieu en pleuvra d'autre demain."  Il faut aussi prendre soin de son corps.
 
 
Qu'est-ce que l'amour?  Mais voici l'autre ouvrage, complément du premier. "Le Traité de l'Amour de Dieu" qui nous fait monter encore plus haut puisqu'il nous explique ce qu'est cet amour. Après le psychologue et le moraliste, c'est le théologien et le mystique qui nous enseignent.
 
Aimer quelqu'un c'est à la fois l'admirer, chercher à combler ses désirs et lui offrir tout ou partie de soi-même.  Quand il s'agit de Dieu, c'est-à-dire de Celui qui possède à un degré infini toutes les perfections, Celui qui étant l'Amour-même veut se répandre sur tous les hommes et sur chacun d'eux, pour les assumer jusqu'à Lui, saint François de Sales nous invite à l'aimer "d'un amour de complaisance", "d'un amour de conformité et de soumission" et "d'un amour de bienveillance"
 
Dans l'amour de complaisance nous contemplons les perfections divines.  Nous constatons qu'elles sont incommensurables autant qu'éternelles et nous nous réjouissons de trouver en Celui qui est notre Père la réalisation et la pérennité de toutes nos aspirations vers le Beau, le Vrai et le Bien.  «L'âme qui est en l'exercice de l'amour de complaisance crie perpétuellement en son sacré silence: il me suffit que Dieu soit Dieu, que sa bonté soit infinie, que sa perfection soit immense; que je meure ou que je vive, il importe peu pour moi, puisque mon cher Bien-Aimé vit éternellement d'une vie toute triomphante."
 
Dilatées par ma contemplation de ce cher Amour en qui elle se complait, l'âme en reçoit l'image, comme un vitrail reçoit la lumière du jour; elle tend à refléter quelque peu les perfections divines: voilà "l'Amour de conformité".  "Tel est le doux et aimable larcin de l'amour qui, sans décolorer le Bien-Aimé, se colore de ses couleurs; sans le dépouiller de sa robe, sans rien lui ôter lui prend tout ce qu'il a... comme l'air prend la lumière.  La complaisance nous rend possesseur de Dieu, tirant en nous les perfections d'Iceluy... Nous possédons des biens qui sont en Dieu comme s'ils étaient nôtres."
 
... D'où une grande joie nous envahit, qui nous pousse à l'action de grâces, à manifester notre gratitude en cherchant à suivre en tout la volonté et le bon plaisir du Bien-Aimé  C'est l'amour de bienveillance: vouloir bien faire, vouloir le bien, c'est-à-dire les commandements du Père, les conseils évangéliques du Fils, les douces impulsions de l'Esprit, l'ouverture docile à la grâce pour accomplir joyeusement nos devoirs d'état, la disponibilité amoureuse devant tout événement voulu ou permis par la Providence. "Rien ne se fait, hormis le péché, que par la volonté de Dieu... Ouvrons les bras de notre consentement, embrassons tout cela amoureusement."
 
Comme le soleil.  Dirons-nous que tout cela est très beau, mais presque inaccessible, car nous sommes enfoncés dans des contingences du monde?  Ce serait oublier toute la puissance de la grâce.  Il faut la demander, supplier "Marie, vaisseau d'incomparable dilection, la plus aimable, la plus aimante et la plus aimée de toutes les créatures."  Dieu n'attend que notre geste pour descendre en notre âme et la combler; il aime chacun de nous en particulier.  "Notre Seigneur est comme le soleil qui va partout... Le soleil ne regarde pas moins une rose avec mille millions d'autres fleurs, que s'il ne regardait qu'une seule."
 
Et saint François de Sales conclut: «0 Dieu, la beauté de notre sainte Foi est si belle que j'en meurs d'amour.»

 

 

R de Saint-Chamas" L'ami des hommes et l'amant de Dieu" Editions SOS J

23 janvier 2009

De St François de sales, sur l'enfance spirituelle ... :

 


"Si nous n'avons la simplicité, douceur et humilité d'un petit enfant, et si nous ne nous reposons par une entière résignation et parfaite confiance entre les bras de Notre-Seigneur, comme l'enfant entre les bras de sa mère, nous n'entrerons pas en son Royaume."

"Dieu prend plaisir à vous voir faire vos petits pas, et comme un bon Père qui tient son enfant par la main, il accommodera ses pas aux vôtres et se contentera de n'aller pas plus vite que vous ! De quoi vous souciez-vous ? D'aller ou d'un côté ou de l'autre? D'aller "vitement" ou bellement ? Pourvu qu'il soit avec vous, et vous avec lui !"

"Allons terre à terre, puisque la haute mer nous fait tourner la tête et nous donne des convulsions ! (...) Pratiquons certaines petites vertus propres pour notre petitesse. A petit "mercier", petit panier ! Ce sont les vertus qui s'exercent plus en descendant qu'en montant, et partant, elles sont "sortables" à nos jambes : la patience, le support des prochains, le service, l'humilité, la douceur du courage, l'affabilité, la tolérance de notre imperfection, et ainsi ces petites vertus! Je ne dis pas qu'il ne faille monter par l'oraison, mais pas à pas."

"Les grandes œuvres ne sont pas toujours en notre chemin, mais nous pouvons à toutes heures en faire de petites excellemment, c'est-à-dire avec un grand amour."