TROISIEME AXE 

«Tout membre de la Famille salésienne doit avoir : des ailes pour voler en Dieu;
des pieds pour marcher avec les hommes»


Continuons notre méditation en prenant à la page 1, quelques phrases qui sont tout à fait dans la ligne de Don Bosco. Voyez le Dieu de Don Bosco, c'est le Dieu de François de Sales.
« Nul n'entrera au Paradis céleste, (vers les 6ème, 7ème lignes),
qu'il ne soit transpercé du glaive de l'amour ».

Et on retrouve toujours ce paradoxe d'un amour non permissif, d'un amour qui fait violence, « le glaive de l'amour »Eh bien, pas moyen d'entrer au Paradis sans simultanément subir une certaine violence due au péché de l'homme et due à la lutte contre le péché, violence que même l'agapè de Dieu en nous, c'est-à-dire l'Esprit, et puis cette splendide formule, qui est une véritable devise pour Don Bosco, note « .son amour, tendant à notre salut ». Tout l'amour de Dieu tend à sauver l'homme; c'est l'objectif de Dieu pourrait-on dire, et Don Bosco a fait sien cet objectif.

Mais, notre salut, c'est quoi? C'est notre amour. C'est l'amour de Dieu pour nous,
« ...son amour tendant à notre salut et notre salut à son amour. »

Formule splendide, cercle vital. Et c'est dans ce cercle vital entre le salut et l'amour que se déploie la pédagogie salésienne.  « Hé!, dit-il, je suis venu pour mettre le feu au monde, » (dit Jésus), « Que prétends-je sinon qu'il brûle? Mais pour déclarer plus vivement l'ardeur de ce désir, il nous commande cet amour en termes admirables: Tu aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, c'est le premier et le plus grand commandement Vrai Dieu, que le cœur divin est amoureux de notre amour! »

Splendide formule: le cœur divin est amoureux de notre amour. Et, là encore, Don Bosco a vécu cela; le cœur de Don Bosco est amoureux de l'amour des jeunes. "Non seulement que les jeunes se sachent aimés, qu'ils soient aimés, mais qu'ils se sachent aimés".

Provoquer la réponse d'amitié.
« ...Ne suffisait-il pas qu'il eût publié une permission par laquelle il nous eût donné congé de l'aimer comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services? Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers nous».

Passion qui va le conduire, en son Verbe fait chair, à vivre une passion sur la croix et c'est pourquoi
« ...il nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir afin que la considération de sa Majesté et de notre misère »

Retenez bien: il n'y a pas un faux égalitarisme entre Dieu et l'homme, Dieu est dans la Majesté, l'homme est une créature et une créature pécheresse. Alors, il y a devant une telle majesté, devant une telle distance entre la majesté et la créature pécheresse, il y aurait de quoi facilement pervertir la relation.

Eh bien, Dieu évite cette perversion en commandant de l'aimer de tout notre pouvoir
« afin que la considération de sa majesté et de sa misère qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque, ne nous divertît de l'aimer. En quoi il témoigne bien qu'il ne nous a pas laissé l'inclination naturelle de l'aimer pour néant. »

Ça, c'est luthérien. Il y a un néant d'inclination naturelle de l'aimer. Les catholiques, - et le Père Scheppens montre bien dans sa thèse que Don Bosco s'inscrivait nettement dans une vision catholique de la nature et de la grâce - les catholiques disent  « ...afin qu'elle ne soit pas oiseuse. Dieu nous presse de remployer par ce commandement général (tu aimeras). Et afin que ce commandement puisse être pratiqué, il ne laisse homme qui vive auquel il ne fournisse abondamment tous les moyens requis à cet effet Le soleil visible touche tout de sa chaleur vivifiante ».

Dieu comme soleil, c'est biblique: dans certains psaumes, c'est néotestamentaire: Dieu fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, le soleil qui se dégage d'une institution salésienne,
« ...doit s'efforcer de toucher tout de sa chaleur vivifiante » et de donner « la vigueur requise pour faire leur production de même la bonté divine anime toutes les âmes, et encourage tous les cœurs à son amour, sans qu'homme quelconque soit caché à sa valeur »

Puis, après, on pourrait dire l'agitation apostolique au bon sens du terme, la créativité apostolique est présentée, le souci du salut.
« Mais le Sauveur ne se contente pas d'annoncer ainsi son extrême désir d'être aimé en public, en sorte que chacun puisse avoir part à son aimable semonce, il va de porte en porte, tout en frappant, heurtant, protestant que si quelqu'un ouvre, il entrera chez lui et soupera avec lui, (c'est un texte de l'Apocalypse), c'est-à-dire, il lui témoignera toute sorte de bienveillance. »

Remarquable aussi, méditation sur le zèle de Don Bosco. Don Bosco va de porte en porte, heurtant, frappant, mais c'est pour non pas blesser, c'est pour manger avec lui. Emmanuel, Dieu avec nous, il prend son repas avec nous. C'est ce que nous célébrons dans l'Eucharistie. Bien plus, il se fait repas pour nous.

Remarquable méditation sur la miséricorde de Dieu et c'est pourquoi le texte de ce chapitre se termine:
« En somme, ce divin Sauveur n'oublie rien pour montrer qu'il est riche en miséricorde ».
C'est ce qui devrait pouvoir être dit de chacun des membres de la famille salésienne:
« ...riche en miséricorde et que par conséquent, il voudrait que tous les hommes soient sauvés et qu'aucun ne périt. »

Voyez le "Traité de l'amour de Dieu", c'est un texte qui a la réputation d'être difficile, mais quand on le regarde de près, c'est un texte qui nous donne à penser beaucoup, parce qu'il décrit à la fois ce que doit être l'amour de Dieu, ce qu'ont été l'amour de François de Sales et l'amour de Jean Bosco.

On va encore prendre un extrait à la page 5, qui vient un peu nuancer, mais prenons quand même d'abord si vous le voulez la page 10, dans la "Vie dévote", parce que ce texte est amusant et puis, il dit des tas de choses. Puis on continuera à la page d'avant.

Vous savez que la vie dévote, le mot dévot est très péjoratif de nos jours, ça n'a rien à voir avec la vie bigote, ne confondez pas dévot et bigot. Le dévot, chez François de Sales, la vie dévote, c'est exactement la vie menée selon la perfection de l'amour, la perfection de l'agapè. Donc, à chaque fois que vous trouvez le mot dévote, dites perfection de l'amour, de l'agapè évangélique.

Alors, à la page 10, (dernier paragraphe), qui nous donne un vrai portrait de la vie selon la perfection de l'amour: « Contemplez l'échelle de Jacob...   dont vous connaissez ce passage biblique: l'échelle de Jacob dans la Genèse où l'on voit des anges qui montent et qui descendent une échelle qui réunit le Ciel et la terre. Eh bien, François de Sales médite longtemps sur cette échelle de Jacob et voit là un portrait de ce qu'est la vie selon la perfection de l'amour).
...les deux côtés entre lesquels on monte et auxquels les échelons
se tiennent, représentent :
1) l'oraison qui supplie et obtient l'amour de Dieu,
2) les sacrements qui le confèrent ».

Voyez encore comme Don Bosco a compris ça. Et cette échelle qui réunit le Ciel et la terre, les échelons tiennent grâce aux deux montants que sont l'oraison et les sacrements. Toute vie suivant la perfection de l'amour, toute vie dévote qui ne s'accroche pas dur comme fer à l'oraison et aux sacrements, est une vie dévote qui ne tiendra pas.  Et les échelons, qu'est ce que c'est?
Ce sont les vertus, ce sont les divers degrés de charité par lesquels on va de vertu en vertu, c'est-à-dire des vertus ce sont des "habitus" qui disposent au bien, ce sont dispositions stables de notre être acquis par l'effort, par les répétitions sous la grâce de Dieu, qui nous disposent au bien. Eh bien, ces degrés de l'échelle ce sont des vertus.   Alors avec les degrés on peut monter et descendre et regardez ce qu'il dit:

« ...degrés par lesquels on va de vertu en vertu, ou descendant par l'action au secours et support du prochain...

Vous voyez, l'échelle a pour but de nous faire descendre vers le prochain, l'action du prochain. Une échelle qui se perdrait dans le Ciel, sans nous faire descendre vers le prochain, serait une échelle aliénante, ...ou montant par la contemplation à l'union amoureuse de Dieu ».

Voilà, cette échelle réunit simultanément la contemplation et l'action auprès du plus pauvre.
« Or, voyez je vous plie ceux qui sont sur l'échelle: ce sont des hommes qui ont des coeurs angéliques ou des Anges qui ont des corps humains; ils ne sont pas jeunes, mais ils semblent l'être, parce qu'ils sont pleins de vigueur et d'agilité spirituelle... - et leur magnifique formule: ...ils ont des ailes pour voler ». Pensez aux apodes...

François de Sales parle tout le temps de voler en Dieu. Qui n'a jamais eu envie de voler, de quitter cette difficile pesanteur humaine? Et, dans nos rêves, il arrive parfois que nous volions. Ce sont des rêves agréables: s'envoler hors des pesanteurs... Eh bien, les anges qui sont sur l'échelle ?
« ...ils ont des ailes pour voler et s'élancent en Dieu par la sainte oraison, mais ils ont des pieds.. ».

Ils ont des ailes et des pieds. Tout membre de la famille salésienne doit avoir des ailes et des pieds. Des ailes pour s'élancer en Dieu, des pieds pour quoi faire?

lire la suite

Savoir se concentrer   "Tout par amour, rien par force" (3)  sur le chemin de FARNIERES 2003  actualité de la démarche éducative de Jean Bosco  Sur les pas de Jean Bosco (8)  La page blanche   sommaire     

Numéros précédents

SOMMAIRE

Page d'accueil

Plan du site