25 mars 2018

Scoop à Jerusalem

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Comme une traînée de poudre
entre rues et venelles de la ville
sous la botte de l'Empire romain,
la nouvelle se répand de bouches jusqu'à oreilles :
''Il vient, Il va venir,
celui que tout le peuple attend depuis longtemps
pour faire tomber le joug pesant sur nos épaules !''
Déjà les plus ardents ont étendu par terre
leurs manteaux colorés pour en faire un tapis
tandis que d'autres encore coupent aux arbres alentour
des brassées de rameaux tout gorgés de printemps.
Courant à Sa rencontre hors des murs de la ville,
la foule à l'unisson crie son enthousiasme:
''Hosanna ! Gloire à Dieu !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur,
le grand Roi d'Israël ! ''
''Qui est-ce ? '' questionnent, hagards,
quelques badauds curieux.
'' Vous ne le savez pas ! C'est Jésus, le Messie !
Celui dont les prophètes ont promis la venue !
Regardez, Il arrive ! ''
C'est à ce moment-là qu'offusque l'équivoque :
accueilli comme un Roi dont on a, pompeusement,
improvisé le sacre aux yeux de tout le peuple...
Accueilli comme un Roi Jésus entre en la ville,
monté sur un ânon, le petit d'une ânesse !
Ainsi c'était donc... '' ça '',
ce grand Libérateur tant et tant espéré !
Pas même un guerrier chevauchant,
arme au poing, un pur sang vigoureux,
mais un homme doux et humble avançant,
désarmant, au milieu de la foule totalement désarmée !
Serait-ce que, côté terre, comme au premier Noël
où Il naît sur la paille, Dieu choisisse à nouveau
de chambouler l'échelle de nos valeurs humaines ?
Serait-ce que, côté cœur pour conquérir le nôtre,
Dieu choisisse sciemment d'arracher à jamais
le masque dur et hautain dont les hommes l'affublent
depuis la nuit des temps ?
Etrange cette histoire des tout premiers Rameaux
et étrange ce Roi qui, quatre jours plus tard
et dans Sa démesure, Se mettra à genoux
devant tous Ses disciples pour leur laver les pieds !
Et si ces paradoxes devaient, à notre tour,
bousculer nos raisons, ne nous étonnons pas car :
''Dieu ne serait pas Dieu
s'Il était raisonnable ! '' (Charles Singer)

Marie-Claude Pellerin

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23 mars 2018

Espérance ?

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Vous avez dit "Espérance" ? 

Quand le monde qui nous entoure nous fait peur,
l’espérance chrétienne ne nous dit pas
de rester là à pleurnicher parce que tout va mal,
ni de sourire bêtement parce que tout irait bien.

Elle ne nous invite pas à attendre
que Dieu détruise ce monde-là
pour en construire un autre ;
elle nous pose une question très simple :
comment faire de tout cela
une occasion d’aimer davantage ?

Adrien Candiard

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20 mars 2018

Offrir un printemps

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Il est urgent d'éradiquer ce principe de compétition qui place l'enfant, dès sa scolarité, dans une rivalité terrible avec les autres et lui laisse croire que s'il n'est pas le meilleur, il va rater sa vie. Beaucoup répondent à cette insécurité par une accumulation stupide de richesses, ou par le déploiement d'une violence qui vise à dominer l'autre, que l'on croit devoir surpasser. Aujourd'hui, on est tout fier lorsqu'un enfant de cinq ans sait manipuler la souris de l'ordinateur et compter parfaitement. Très bien. Mais trop d'enfants accèdent à l'abstraction aux dépens de leur intériorité, et se retrouvent décalés par rapport à la découverte de leur vraie vocation.

Dans notre jeune âge, nous appréhendons la réalité avec nos sens, pas avec des concepts abstraits. Prendre connaissance de soi, c'est d'abord prendre connaissance de son corps, de sa façon d'écouter, de se nourrir, de regarder, c'est ainsi que l'on accède à ses émotions et à ses désirs. Quel dommage que l'intellect prime à ce point sur le travail manuel. Nos mains sont des outils magnifiques, capables de construire une maison, de jouer une sonate, de donner de la tendresse.

Offrons à nos enfants ce printemps où l'on goûte le monde, où l'on consulte son âme pour pouvoir définir, petit à petit, ce à quoi l'on veut consacrer sa vie. Offrons-leur l'épreuve de la nature, du travail de la terre, des saisons. L'intelligence humaine n'a pas de meilleure école que celle de l'intelligence universelle qui la précède et se manifeste dans la moindre petite plante, dans la diversité, la complexité, la continuité du vivant.

Pierre Rabhi

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17 mars 2018

« Bienheureux les pauvres en esprit ! »

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« Avoir une âme de pauvre c’est être dépossédé de soi, donc se laisser mettre en question par l’autre.»

Il ne s’agit évidemment pas de traduire les pauvres d’esprit !   « En esprit » veut dire : à la racine même, au cœur de l’être. La pauvreté en esprit est intérieure à l’amour.

L’amour sans pauvreté n’est pas l’amour (ceci est inintelligible si vous n’en faites pas l’expérience !). C’est pourquoi Dieu même est pauvre : il est étranger à l’avoir (Dieu n’a rien), car son mode d’exister c’est d’aimer.

Avoir une âme de pauvre (au sens où l’on parle de l’âme d’un violon : c’est sans doute la meilleure traduction de « pauvre en esprit »), c’est être dépossédé de soi, donc se laisser mettre en question par l’autre d’une part, et, d’autre part, se fier à lui pour son bonheur à soi.
Les deux phrases qui définissent le pauvre sont celles-ci : « Je te fais crédit » (Credo) – c’est la foi – et « je te charge de ma béatitude » - c’est l’espérance.

Appuyé sur la foi et sur l’espérance, le pauvre vit dans la charité : il peut servir, se mettre au service de l’autre et des autres, car il est désentravé.

La béatitude de pauvreté domine tout l'Évangile.

D’un bout à l’autre de la Bible, le pauvre de Yahvé est le serviteur de Yahvé : il est donc dans le Royaume : heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux. Etes-vous entrés dans cette expérience, dans ce style, dans ce type d’existence ?  Si oui, le Royaume est à vous.

Pour les autres, Jésus vous invite : si vous dites oui, le Royaume deviendra vôtre, c’est-à-dire la relation d’intimité avec Dieu.

La béatitude de pauvreté domine tout l’Évangile. Elle serait impensable si Dieu lui-même n’était pas pauvre, c’est-à-dire absolument étranger à l’avoir : Dieu n’a rien, il est tout. Celui qui est tout n’a rien. Et ce tout qu’il est, est un tout donné, il n’est qu’Amour.

François Varillon, extraits de ses conférences
cf "Joie de croire, joie de vivre", p. 58

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16 mars 2018

Repartir

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Repartir, ce n'est surtout pas revenir sur ses pas,
Repartir, ce n'est pas faire marche arrière.
Ce n'est pas revenir à son point de départ.
Repartir, ce n'est pas faire demi-tour
en effaçant les traces de ses propres pas.

Jamais tu ne repars comme tu es arrivé.
Jamais tu ne reviens comme tu es parti.
Jamais tu ne rentres comme tu es sorti.

Le voyage te change
Le voyage n'a pas été seulement
celui des kilomètres et des semaines.
Celui qui repart se remet en cause,
il se remet en histoire et en route.
Il renonce à rentrer dans ses pantoufles et ses habitudes.

Repartir, c'est affirmer que l'avenir existe, puisqu'on y va.
C'est croire qu'il existe un possible, puisqu'on y part.
Repartir, c'est prouver que tout n'a pas été dit.
Repartir, c'est croire qu'il existe encore un chemin, il est celui du cœur.

Repartir, ce n'est pas rapporter des souvenirs, mais des projets.
Repartir, ce n'est pas retrouver ses habitudes
et remettre les choses à leur place.
Repartir, ce n'est pas déclarer que tout est fini
et qu'il ne reste plus que des nostalgies.
Repartir, c'est, au contraire, vouloir que tout commence.

Celui qui repart a le cœur neuf.Celui qui repart suit le chemin d'un nouveau regard.
Celui qui repart ne sera plus jamais comme avant.
Celui qui repart se remet en mouvement.

Père Jean Debruynne

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