Introduction

· En Sciences de l'éducation, la pédagogie salésienne a été très longtemps un courant pédagogique peu connu. Guy AVANZINI en donne deux raisons principales : Don Bosco était un prêtre ; or la pédagogie a grandi dans un contexte de laïcité. Don Bosco était un saint ; on s'est méfié de la littérature hagiographique écrite sur Don Bosco. Pour de nombreux pédagogues aujourd'hui, dont Ph. MERRIEU, Jean Bosco a fondé un vrai courant pédagogique toujours très actuel.

· Le contexte de ce courant pédagogique est la révolution industrielle ; Don Bosco fonde le Valdocco en 1846 ; c'est une grande période de mutation : on passe d'une société campagnarde à une société industrielle. Cet aspect est aujourd'hui un point de similitude pour nous qui passons de la société industrielle à la société post-moderne. Et le problème de la jeunesse se pose, au temps de Don Bosco comme aujourd'hui, d'une façon grave.


· Le point de différence vient de la sécularisation. L'Italie du 19ème siècle était un pays chrétien ; nous, nous vivons dans un pays qui est traversé par la sécularisation qui prend en compte la médiation humaine, qui sépare pédagogie et théologie. Mais il nous faut savoir que Don Bosco a commis deux écrits sur le " système préventif " (sa méthode éducative). L'un, en mars 1877, à Nice qui est une version explicitement chrétienne du système préventif. L'autre, en Février 1878, pour le Ministre de l'Intérieur de Rome, qui est une version sécularisée du système préventif. Aussi, me semble-t-il, quand on développe aujourd'hui cette version séculière, on n'est pas infidèle à Don Bosco.


· Le mot évangéliser est, en effet, à comprendre dans deux directions. L'une nous invite à être porteur d'une bonne nouvelle ; dire aux jeunes : tu as du prix à mes yeux ; tu as un avenir. L'autre nous invite à témoigner de Jésus Christ. Cela est possible, même dans nos Institutions, quand on développe une laïcité positive, respectueuse des valeurs de chacun, où l'enfant a droit à une éducation religieuse ; et non une laïcité négative qui empêche toute référence religieuse et où chacun s'interdit de parler de ses convictions.

Les sources de la pédagogie salésienne.

· La 1ère source est l'intuition salésienne révélée par le songe des 9 ans, premier événement fondateur pour Don Bosco : c'est par la douceur et non par la force qu'il faut éduquer. Cette intuition nous réfère aussi à la douceur mise en lumière par François de Sales. Comte Sponville nous dit que la douceur est : courage sans violence, force paisible, accueil, respect, ouverture, vertu du pragmatisme. Une réflexion salésienne est toujours contre les " y-a qu'à, faut qu'on " ; quand la situation se tend, il faut prendre du recul et analyser, avec douceur, ce qui se passe.

· La 2ème source est l'enracinement dans l'expérience, c'est le pragmatisme. Don Bosco a d'abord rencontré les jeunes et, au soir de sa vie, il a écrit son texte sur le système préventif. Don Bosco a vécu un 2ème événement fondateur dans les prisons de Turin où il allait rencontrer les jeunes, le jour où il comprit que le jeune détenu n'en serait pas là s'il avait rencontré avant un adulte qui lui tende la main. La 2ème source naît donc du thème de la prévention : l'important, c'est d'agir avant ; d'où l'œuvre salésienne qui va offrir aux jeunes : accueil, formation, loisirs et accompagnement dans la quête de sens.


Le mode d'approche du jeune.

· La pédagogie salésienne se traduit d'abord par un style d'approche. Trois adjectifs qualifient cette approche.

· C'est une approche " personnaliste ". Le jeune est sujet de son éducation, le jeune est une personne que l'éducateur accompagne sur le chemin éducatif. La qualité relationnelle dans la réciprocité est fondamentale. Pensons au 3ème événement fondateur vécu par Don Bosco lors de sa rencontre avec Barthélemy Garelli. Les quatre points forts de cette rencontre sont : le présupposé d'amitié de l'adulte pour le jeune; s'intéresser au monde du jeune, resituer le jeune dans son histoire personnelle, reconnaître les savoir-faire du jeune. Don Bosco distinguait toujours les actes de la personne et ne qualifiait jamais un jeune par ses actes. D'où la possibilité d'être tolérant vis à vis des personnes, mais pas vis à vis de certains comportements.

· C'est une approche " globale ". Don Bosco saisit le jeune dans l'ensemble de ses champs : loisirs, formation, accueil, quête de sens. Cette demande est toujours actuelle. Le jeune rencontre des adultes dans sa famille, à l'école, dans la rue ; chaque catégorie aujourd'hui a tendance à critiquer les deux autres. Le premier travail éducatif est de mettre en cohérence tous les adultes qui accompagnent le jeune. Or souvent notre approche est cloisonnée.

· C'est une approche " joyeuse ". La joie est une caractéristique salésienne. Or actuellement, on parle des problèmes des jeunes, des jeunes à problème, mais jamais des jeunes comme chance pour notre société de demain.

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