" l'art
de
prendre
soin
de
l'autre "       Marie-Dominique Mazzarello


LE STYLE EDUCATIF DE MARIE-DOMINIQUE
ET DE LA PREMIERE COMMUNAUTE:
  UN DON POUR  L'EGLISE
.
soeur Aline Doone fma


L'ART DE "PRENDRE SOIN" DE L'AUTRE, AVEC SAGESSE ET AMOUR

1ère partie - voir n°104 - septembre 2002

3. Le style du réalisme - du concret - de l'authentique

Celui des petits pas, des choix ponctuels qui traduisent de manière opérationnelle les grands idéaux.

Eduquer, c'est entrer dans la logique du réalisme, de


la patience, de l'espérance.

L'expérience du contact de la terre l'a aussi formée à cela.  Eduquer, c'est mettre toutes les conditions possibles (humaines milieu…) pour que la vie grandisse.  C'est le travail du paysan qui prépare la terre pour la vigne.  Le climat ou grandit l'humain est fait de rapports interpersonnels, de gratitude, d'amour.  Son réalisme concret et populaire l'aide à croire à l'importance de l'authenticité de la vie et donc à se distancer de toute forme d'extériorité, de formalisme.

ETRE VRAI et non pas apparaître.  Les vertus, dira-t-elle doivent être plus internes qu'externes.

"Priez beaucoup et de tout coeur."     (lettre 41, 1)

"Les paroles ne font pas aller au paradis mais bien les faits."                                           (lettre 49, 6)

"Je suis contente surtout que vous ayez fait la retraite spirituelle, mais rappelez-vous qu'il ne suffit pas de la faire; il faut mettre en pratique, avec courage et persévérance, les bonnes résolutions que le Seigneur, à ce moment-là, daigne vous inspirer."                                    (lettre 24,1)


4. Education au travail

Les jeunes filles sont formées pour être de bonnes ménagères, simples et dignes, en vue de leur vie future.  On vit dans la simplicité, les devoirs d'école, la vie de prière, la collaboration nécessaire au bien-être de toutes.  Chacune apprend à durer dans le travail entrepris, avec sérénité, sérieux et honnêteté.

Le travail et l'étude sont des moyens éducatifs non seulement parce qu'ils permettent d'accéder aux biens matériels et à la culture, mais aussi parce qu'ils offrent un possibilité de réalisation personnelle, de croissance humaine.





"Précision, fidélité, honnêteté, droiture." (1ettre 59,4)

...Sont les valeurs précieuses que Marie-Dominique veut apprendre aux jeunes dont elle s'occupe.

Marie-Dominique exprime aux soeurs sa satisfaction de les savoir engagées dans un travail qu'elle considère comme "une grande chance".  Elle exhorte à ne pas mesurer le don d'elles-mêmes dans cette tâche éducative à accomplir:

"Vous avez vraiment de la chance parce que vous pouvez faire beaucoup de bien et gagner beaucoup d'âmes au bon Jésus.  Travaillez, travailIez beaucoup dans le champ que le Seigneur vous a donné; ne vous lassez jamais, travaillez toujours avec l'intention droite de tout faire pour le Seigneur."                                    (lettre 59,4)

On peut dire que pour Marie-Dominique, le travail n'est pas ressenti comme un poids, demandant une fatigue exténuante, mais il est vécu avec dignité et joie, il est total don de soi.

Le travail pour qui veut "prendre soin" de l'autre au travers de l'éducation, est non seulement une oeuvre gratifiante mais une vraie grâce de Dieu.

"Remercions vraiment le Seigneur qui nous fait tant de grâces et qui se sert de nous si pauvrettes, pour faire un peu de bien."                         (1ettre37, 11)

En effet, dans le travail, on utilise les ressources des personnes et les dons reçus de Dieu.  Mais attention, chacun travaille selon ses possibilités, recherchant à faire pour le mieux ce qu'elle sait ou peut.  Parce que:

"Dieu ne demande pas si le travail est mieux fait
qu' une autre mais si ont été employés tous les dons que Lui,  a donné."

Un autre travail auquel Marie-Dominique accorde beaucoup d'importance, c'est celui de son champ:  travail sur le caractère, chemin quotidien de maturation et de sainteté pour MarieDominique.

Déjà Don Bosco, dans le programme qu'il a donné aux F.M.A, recommandait:

"Travail constant sur sa propre nature afin de se former un bon caractère, patient, joyeux, afin de rendre aimab/e la vertu et plus facile la vie commune."                                     (Annales I, 229)

Il s'agit en fait de grandir en liberté intérieure.

Nous pouvons donc conclure qu'éduquer au travail c'est éduquer à la liberté intérieure - au don de soi - à la rectitude - à l'honnêteté et au sens de la fidélité au devoir.

5. Le don de soi dans l'amour

La charité est sans doute l'élément qui caractérise le plus la manière d'être et d'éduquer de Marie-


Dominique.  Seulement, partant de la charité, on peut cueillir le secret de sa mission: se dédier au salut des jeunes sur des chemins toujours nouveaux du don de soi. avec la finalité de conduire les jeunes à se donner elles-mêmes aux autres, dans leur famille, à l'école, dans le travail et à la paroisse.

L'éducation  est  par  définition  "UNE  VOIE PRIVILEGIEE D'AMOUR"

L'amour des jeunes la guide à aimer ce qu'elles aiment et donc à toujours inventer pour elles de nouvelles possibilités de s'amuser, d'être ensemble, mais qui pointent toujours en direction des valeurs:
- certaines veulent apprendre un métier... alors aidons-les, au risque d'être critiquées.
- certaines n'ont ni maison, ni famille, accueillons-les
- certaines recherchent sérénité et confiance, ayons un visage de joie, de créativité.
- certaines sont ignorantes, ayons une école où l'on peut préparer à la vie, et à un futur différent pour la femme.

Une missionnaire raconte:

"Seulement celui qui en a fait l'expérience peut s' en  faire une idée !  On aurait dit que j'étais la seule dans cette maison pour recevoir autant d'attention."

La communauté de Mornèse est un lieu où l'amour est "à la maison", "maison de l'amour de Dieu". Lieu d'accueil.  Don Bosco avait aussi perçu cette ambiance lors de son passage à Mornèse en juillet 1873.  Ecrivant à Don Rua il dit:

"Ici on jouit de beaucoup de fraîcheur bien qu'il ait beaucoup de feu d'amour de Dieu."

Dans cette maison, le temps se vit au rythme de l'amour: "Quelle heure est-il ?"... "L'heure d'aimer le Seigneur."

Marie-Dominique ouvre le coeur à l'accueil, non seulement des soeurs de Ste Anna, ou aux postulantes toujours plus nombreuses, mais à   toutes les catégories de personnes et à qui que se soit.  Des tas de   petits gestes effectués parce que la charité précède tout.  Petits gestes qui font qu'elle se sacrifie pour les autres.

L'expérience de la première F.M A au coeur "très sensible", ardent et fort, est le témoignage le plus tangible de la manière dont s'exprime au féminin l'amorevolezza salésienne, qui est impossible à vivre si, il n'y a pas de maturité affective, d'unité de l'être de celui qui se donne totalement au Christ.

Mais l'amour vrai et typique de Marie-Dominique se manifeste aussi dans la décision ferme de la CORRECTION FRATERNELLE. "Prendre soin" de l'autre, c'est aussi illuminer et corriger en exigeant de chaque personne, tout ce qu'elle peut donner de meilleur. Son amour sait attendre, patienter, mais sans "laisser aller".  L'amour quand il est vrai, transforme parce qu'il aide la personne à se réaliser elle-même; il transmet enthousiasme, sécurité, des motivations fortes jusqu'à conduire l'autre à partager le même idéal.

L'affluence de vocation à Mornèse est la preuve la plus convaincante de la fécondité et de l'efficacité de l'amour pédagogique de Marie-Dominique.

6. La pédagogie de la joie

Soeur Marie-Dominique est une personne sereine, joyeuse et expansive.  Elle donne au vivre ensemble, ce cachet de joie communicative.  A cela s'ajoute la joie qui découle de la certitude de la présence de Dieu.  La joie sereine et contagieuse est une des caractéristiques fondamentales du style salésien: pour être éducateur, la personne doit être un "idéal de vie" pleinement réalisé, un modèle crédible. accessible, attirant pour les jeunes.

La joie n'est pas seulement caractérisée par l'exubérance du tempérament, ni seulement déterminée, spontanée au contact des jeunes, mais elle est le fruit d'un travail patient de l'unité intérieure et de la rencontre avec le Seigneur de la joie.  Pour Marie-Dominique, la joie est la preuve d'une sainteté authentique et de l'esprit salésien vécu en vérité

"La joie est signe d'un coeur qui aime beaucoup
le Seigneur."                                     (lettre 60, 5)
"Elle est fruit de la rectitude dans les pensées
et les œuvres."                                     (lettre 19, 8)
"Elle est expression de l'amour, de l'humilité, de l'ouverture."                                       (lettre 47, 12)
"...signe d'un engagement dans le cheminement spirituel."                                            (lettre 19, 8)
La joie a des rapports avec toutes les dimensions de la personne.

"Si tu es joyeuse,  tu guériras encore plus vite. Courage donc."                                   (lettre 11, 4)

Sûrement que pour nous aussi, éduquer à la joie, devient un défi qui va à l'encontre de la critique tellement en vogue dans la société d'aujourd'hui.

Le témoignage de Marie-Dominique nous enseigne qu'éduquer à la joie demande du courage, le courage d'une attitude de confiance et d'espérance, continuant de rêver à un monde meilleur.

7. L'ouverture à la collaboration

"Prendre soin" demande des interventions diversifiées.  L'ambiance éducative est fortement influencée par la qualité des rapports entre les formateurs.  Marie-Dominique ne sera jamais éducatrice toute seule:  "Moi, j'ai planté, Appolos a arrosé, mais c'est Dieu qui donnait la croissance "  (1 Cort 3,6)

- Relation avec les parents (déjà avec les mamans en tant que FMI
- A travers la prière et les lettres aux familles. Les interventions auprès de celles-ci afin d'aider au choix des cours à option.  En rendant les parents plus conscients de leur rôle éducatif auprès de leurs enfants.
- Relations avec les maîtresses laïques.
- Présence du directeur spirituel.

Avec tous, Marie-Dominique recherche une authentique collaboration en vue du bien de tous.

8. La prophétie du "prendre soin"

Celui qui, comme Marie-Dominique "prend soin" des autres avec une totale gratuité est PROPHETE pour aujourd'hui.  Il exerce une attraction, parfois inquiétante, car il appelle toujours à un mieux, ouvre les horizons et fait surgir chez l'autre le meilleur de lui-même. IL DEVIENT CONTAGIEUX

Si on demandait à Maria Grosso, élève du 1 .er atelier. ce qu'elle voudrait faire plus tard, elle répondait:
"Me donner toute à Dieu, comme Marie-Dominique."                            (Maccono 1,338)

  

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