Quand je t’imagine, Marie, Attendant celui qu’on appellera Jésus, Je ne te vois pas du tout comme sur les pieuses images Où tu médites l’Écriture avec les mains jointes.
Tu n’étais pas un mythe, ni une figure de contes de fées, Mais une vraie petite jeune femme de chair et d’os Qui avait conçu un véritable enfant. Je ne crois pas te manquer de respect Si ton attente, pour moi, est quelque chose de très concret.
Je te vois Marie, Étendue sur ta couche au creux de la nuit silencieuse, Les yeux grands ouverts dans les ténèbres, Et ta main, Sur la courbe toujours plus insolite de ton ventre gonflé, Guette les messages de celui qui t’habite, D’une paume attentive comme une oreille tendue. Alors, quand il tressaille et qu’à travers ta chair Tu sens distinctement l’invisible présence, Une vague d’amour vient déferler sur toi, Faisant monter les larmes à tes yeux, le sourire à tes lèvres Et, du fond de ton cœur, le désir éperdu De le voir enfin, celui qui est en toi, De découvrir son visage, De pouvoir lui ouvrir tes bras, Lui manifester ta tendresse Et de connaître un jour le soleil de son sourire…
Marie de l’Attente, Apprends-nous à guetter de la même façon Les messages de Dieu dans notre vie, De ce Dieu qui veut bien Habiter au plus profond de nous, Lui qui, comme l’enfant à naître, Est à la fois présent et à venir
Alors, émerveillés, Au lieu de craindre sa venue À la manière d’une femme qui s’angoisse d’accoucher, Nous serons submergés d’amour Dans le lumineux désir De le voir enfin face à face. |
Celle qui attend Marie-Thérèse Fischer « Prières pour les incontournables de la vie » Albert Hari, p. 26, éd. Du Signe, 2001 |