Parler sa propre parole (20 mars 2013)

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Ce n'est pas vrai qu'on fait autorité parce qu'on est intelligent, parce qu'on connaît beaucoup de choses, parce qu'on sait parler, parce qu'on a des certificats.  Je connais des gens simples qui n'ont pas de diplômes, pas d'éloquence et qui font autorité parce qu'ils parlent leur propre parole.  Peu importe alors qu'elle soit balbutiante.  Et je connais des gens couverts de titres, pour qui je n'aurai jamais le moindre respect, la moindre obéissance, parce que leur parole est empruntée, parce qu'ils l'ont volée, parce qu'ils récitent leur leçon comme des perroquets.

Les jeunes, dit-on, ne veulent plus rien entendre.  L'autorité n'est plus ce qu'elle était.  Qu'est-ce que cela veut dire?  Nous sommes-nous suffisamment interrogés sur notre propre parole?  Nous n'avons aucun droit à l'autorité.  Ce n'est pas parce que je suis "ton père" ou "ta mère" ou "Monsieur le Curé" ou "Monseigneur" ou "Monsieur le professeur" que j'ai droit à l'autorité.  Je serai obéi, suivi, contesté peut-être, mais respecté, si je livre ma propre parole et si mon autorité guérit, c'est-à-dire délivre au lieu d'enchaîner.  On demande des guérisseurs.  Pas des kidnappeurs d'âmes ni des détrousseurs de personnalité comme il en court beaucoup aujourd'hui.  Des guérisseurs.  Des hommes et des femmes qui font autorité.

Gabriel Ringlet
Éloge de la fragilité

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