Sur l'Amour (06 novembre 2012)


L'amour auquel doit parvenir celui qui opte pour la sagesse, la recherche de la perfection ou la sainteté, « n'est pas comparable à une flamme qui jaillit puis retombe, mais à une incandescence paisible et régulière trouvant en elle-même son aliment ». Le plus difficile est d'arriver à la stabilité. Cependant, seule la stabilité est efficace pour soi et pour autrui. L'amour véritable ne s'impose pas, il se donne sans demander de retour, il est entièrement dépossédé de toute attente et de toute inquiétude. Un tel comportement ne saurait être privé de tendresse, bien au contraire, l'affection chaleureuse est d'autant plus accueillante qu'elle ne tente pas de monopoliser à son profit. Respectueux d'autrui, cet amour limpide provoque autour de lui l'épanouissement et le mûrissement. Faisant allusion au mont Athos, André Louf parle de certains moines rencontrés : « hommes de prière, leur visage comme une flamme et leur regard comme un feu, pénétrant jusqu'au fond et pourtant si infiniment doux, si totalement tendre; des hommes qui des plus profondes profondeurs de leur être s'avancent vers toute chose et vers chacun, rejoignant dans les hommes et dans les choses, le feu secret, le « noyau caché », le centre le plus profond, dans un amour et une compréhension sans bornes ».

L'amour de l'homme libéré libère. En sa présence les nœuds se dénouent, les chaînes tombent. Il se produit un recouvrement de l'innocence et celle-ci est éprouvée même par les animaux. Toute peur est supprimée. Dans les diverses traditions, de nombreuses anecdotes se rapportent aux oiseaux et aux animaux sauvages qui s'approchent de l'homme intériorisé dont l'amour n'est jamais contraignant tout en dégageant un magnétisme qui ne crée aucun lien. Le sage n'enchaîne pas, il apporte la liberté.

Comment naître à l'Amour ? « Si nous voulons savoir par exemple -écrira Heidegger- ce que veut dire nager, nous ne l'apprendrons jamais d'un traité sur l'art de nager. C'est le saut dans le fleuve qui nous le dira. » Il en est de même pour aimer. Aucune lecture ne pourra nous enseigner sur ce point. Tous les discours demeureront inopérants : il faut plonger dans l'océan de l'Amour. Quand on a plongé on ne songe plus à revenir à la surface ou à cheminer sur les rives. L'homme parvient à l'amour dans la mesure où il prend conscience de sa dimension de profondeur, c'est-à-dire de son coeur.

M.-M. Davy.
L'homme intérieur et ses métamorphoses, É
pi S.A. Éditeurs, Paris 1983.

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