JUS de SALADE (27 septembre 2008)

avocat-fruits[1]

On rêve de communauté où chacun, censément, serait le tout de l'autre.
 
Non pas comme des pommes sur le pommier où chacune est
Finalement pour soi et le soleil pour tous.
 
Ni comme des fruits dans une même corbeille : il y a diversité,
Mais juxtaposée.
 
Alors on invente la communauté passée dans la moulinette
Ou le mixer. Tout y passe en effet... La peau, les pépins.
Il en sort un jus uniforme, plein de vitamines.
Mais chacun y a perdu de sa personnalité.
 
C'était, dit-on, le résultat de certains ordres religieux autrefois.
C'est peut-être aujourd'hui l'idéal de telle communauté de base
Où l'on ne sait plus très bien reconnaître
Laïcs, religieuses, gens mariés, célibataires.
 
Une solution meilleure ? La salade de fruits.
Chacun reste lui-même : poire, pomme, banane, ananas.
Et chacun bénéficie du goût propre de l'autre.
 
Mais à une condition : accepter évangéliquement d'être coupé
En quatre, dix ou douze morceaux si l'on est un beau gros fruit.
Seuls, les très humbles restent entiers : une cerise, un grain de raisin, une groseille.
 
"Farandoles et Fariboles"
Jacques Loew
Ed. Fayard

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