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Pour cela, il ne suffit pas, comme on le pense généralement, d'entendre les paroles prononcées par l'autre et d'en saisir le sens. Il faut aussi tenir compte des différentes significations d'un même mot, du rapport aux mots détourné par le poids culturel, des charges affectives incontrôlables, etc. Sans oublier, en même temps, de préparer une réponse éventuelle ! Certains sont d'ailleurs tellement préoccupés par leur réponse qu'ils ne savent même plus ce qu'on leur a dit.
À moins de parler pour soi, comme cette stagiaire qui constate : « Le plus souvent, je monologue et j'en fais surtout un exutoire ; j'ai tendance alors à conseiller ou à imposer des solutions toutes faites. »
Faire attention à la réalité de l'autre, à l'environnement dans lequel je suis et dans lequel il est, c'est prendre en compte tout un ensemble : ses mots, bien sûr, mais aussi son ton, son attitude vis-à-vis de moi, son corps et ses réactions.
C'est, en quelque sorte, être « branché » sur l'extérieur de soi.
Ainsi, si je suis trop préoccupé par ma réponse, si je suis trop envahi par les émotions, si j'ai d'autres soucis en arrière-fond, je vais avoir beaucoup de mal à écouter l'autre, je ne serai pas bien « branché » sur lui.
C'est aussi faire attention à sa propre réalité
Mais il ne suffit pas d'être branché sur l'extérieur de soi, il est nécessaire également d'être à l'écoute de soi-même.
En effet, si l'autre me parle, c'est qu'il a, consciemment ou non, une intention à mon égard : il veut attirer mon attention, avoir mon adhésion, m'émouvoir, me faire une demande, me mettre en colère (pourquoi ?), m'humilier, etc.
Écouter l'autre, c'est entendre aussi cette intention, et je ne peux l'entendre que si je suis attentif à ce que la parole de l'autre provoque en moi, car ce qu'elle provoque c'est sans doute, si je ne me défends pas trop, ce qu'il cherche à provoquer en moi. Écouter, c'est s'écouter!
Écouter l'autre, c'est donc aussi m'écouter. Repérer ce qui se passe en moi me permet de comprendre ce qu'il me demande.
Évidemment, je ne serai jamais totalement sûr de bien l'entendre, car ce que je ressens est provoqué par lui mais en même temps très lié à mon histoire. Il restera toujours un doute.
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