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Aujourd'hui, la mission salésienne Sens d'une présence salésienne FMA
Soeur Seraphine
En Belgique Sud
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1. INTRODUCTION
Pour retrouver le sens d'une présence salésienne, il convient de la situer dans un large contexte, dans un moment historique précis, dans un mouvement d'ensemble. Je partirai donc du contexte actuel de l'Europe ; du moment historique que fut notre XXème CG de 96, ses orientations et celles de notre province; de l'évolution de la Province de Belgique-Sud.
Je me suis inspirée d'une étude faite sur « L'Etat du monde » de 1998, de la session de Vaalbeek sur « l'Europe et les religieux « , organisées par une équipe Dominicaine appelée « Espaces « ( pour une Europe porteuse de sens) en lien avec L' UCESM ( L'Union des Conférences Européennes de Supérieurs/es Majeurs/es, ( 26-31 mars 00 ), des Actes du XXCG et de la réflexion menée par la province depuis 96.
2. LE CONTEXTE EUROPEEN
La rédactrice en chef de « fêtes et saisons « , Anne Soupa, dit dans l'éditorial de janvier 99: « Quand l' Union européenne s'annonce, alors la foi est provoquée. Parce que l'union, c'est la paix. Non seulement la paix des traités, ... mais la paix-chemin-faisant, celle qui se construit à pas d'hommes, de jumelages en mariages, d'échanges en négociations, en élargissant toujours le cercle du possible, celle qui fait dire un jour qu'on a trop d'histoire commune pour faire bande à part. Les deux pères de l'Europe, Robert Schuman et Alcide De Gasperi, font actuellement l'objet d'une procédure de canonisation à Rome. En se faisant les apôtres de la paix, ils ont vraiment obéi à leur foi. La paix qui s'annonce pour demain ne sera plus seulement l'œuvre des gouvernements, mais aussi celle de chacun. Dans le concert de ceux qui aujourd'hui, crient sur tous les tons : Europe ! Europe !, nous revendiquons, après d'illustres figures, une âme pour l'Europe. Que demain, des Européens puissent dire : " Nous n'étions plus qu'une âme " et l'âme de l'Europe sera là. Nos voisins sont là, différents, dérangeants, enrichissants… Parce que la foi pousse à ce compagnonnage durable, qui fait naître l'âme, comme un enfant qui nous serait commun. "
Difficile de parler de la Belgique hors du contexte européen et mondial. Nous le savons bien, L'Europe est la plaque tournante des relations. « Elle est ce continent où le doute et la critique structurent le discours que les Européens tiennent sur eux-mêmes. Cette position philosophique décrit un aspect original de l'esprit des européens, attachés au primat de l'individu et de la liberté d'agir, de croire et de juger. » (l'État du monde 1998 : La découverte )
L'Europe a une géographie aux contours flous et une pratique qui allie la diversité sans cesse revendiquée - paysages, langues, nations et peuples, trajectoires historiques, cultures et visions - à une rhétorique de rassemblement - recherche d'unité des États nationaux et parfois, des peuples dissociés, convergence accrue de la gestion économique, extension des procédures démocratiques.
C'est un ensemble fragmenté de 720 millions d'habitants, Russes inclus.
L'Union Européenne regroupe un peu plus de la moitié des Européens (370 millions d'habitants).
La construction européenne brouille les représentations de l'Europe. Il y a les quinze Etats membres et les non - membres aspirant à s'y agréger ( 12 ).
L'Union est le pôle de prospérité et de réorganisation, mais les contraintes d'une convergence accrue en matière de politique économique et d'une extension impérative renforcent son introversion au moment où il conviendrait de s'ouvrir aux nouvelles réalités géopolitiques. De là viennent les critiques, multiples et incessantes dans les parlements et les chroniques, portant tour à tour sur l'absence de visions communes du devenir de l'Europe, à la quête d'un modèle conciliant justice sociale et efficacité économique, la lenteur des processus d'élargissement à l'Est, l'impuissance diplomatique supposée de l'Union en matière d'intervention dans les crises et les guerres civiles de son " arrière-cour ", l'incapacité à construire un système de sécurité crédible sans la présence du " grand frère " américain, l'illusion, enfin, de maintenir un projet géopolitique autonome dans un monde globalisé. Il s'agit d'un processus de convergence des Etats, où la diversité n'est pas niée. la poursuite des intérêts nationaux se faisant au nom de l'Europe. Le maintien de la diversité sauvegarde des équilibres.
Si l'Etat national demeure le trait géographique le plus structurant du continent - l'Union n'est encore que la somme de quinze Etats -, il n'est pas unique. En Suisse, par exemple, l'équilibre tient au fait que les limites linguistiques ne coïncident pas avec les limites religieuses ; ce pays illustre ainsi la mosaïque européenne.
Nous avons 3 groupes de provinces FMA en Europe : la Cil, la CIEP et la CIED. En tout, 35 provinces. La CIED, ( Conférence Inter Provinciale Européenne des Douze ) dont nous faisons partie est aussi insérée dans cette grande mosaïque des différences.
Le contraste entre l'Europe occidentale formée dans la matrice du catholicisme et du protestantisme, et celle, orientale, de l'orthodoxie, demeure d'actualité ;
L'Union s'élargira d'abord vers L' Europe centrale. L'Europe orientale, de la Russie à la Serbie, se débat avec son identité, son histoire marquée partant d'années de communisme.
Selon Catherine Baulamon, et Michel Foucher, « L'Europe gagnante insérée dans l' économie - monde voit ses métropoles du nord-Ouest, de Londres à Paris, Amsterdam et Francfort, s'affirmer ; les façades de la mer du Nord s'imposer sur les routes Rotterdam-New - York-Singapour ; les régions situées au Nord et au sud de l'arc alpin prospérer autour de villes historiques dynamiques et de régions high techn de Munich à Milan. Les surplus commerciaux des grands Etats européens sont partiellement transférés, par les fonds communautaires, vers les régions périphériques : arc atlantique de l'Irlande au sud du Portugal, arc méditerranéen de l'Andalousie aux îles grecques, à leur tour affectés par une modernisation accélérée"
Quant au champ politique, il est marqué depuis un quart de siècle par l'avancée démocratique. L'espace public européen reste dominé par les alternances et les compromis entre les deux grands courants social-démocrate et conservateur.
Les aléas de la croissance, les lacunes de la gestion des régions et villes, attirant les populations plus que les emplois, et les doutes sur l'identité nationale dans des sociétés où partis, syndicats, entreprises et parfois écoles ne sont plus d'efficaces laboratoires d'intégration civique affectent celles-ci à des degrés divers. L'immigration de travailleurs étrangers dans nos pays est un phénomène consistant et croissant. Nous avons dans nos maisons, une présence de jeunes très diversifiée.
Les réflexes de repli ne sont pas rares. Les frontières extérieures de l'Union se ferment. La politique d'accueil se durci. Des ruptures de solidarité entre régions prospères et régions plus dépendantes de l'action publique s'affirment comme projet politique ( Italie du Nord ...) Sous L'Europe des Etats se dessine une Europe des réseaux et des alliances entre des régions, des cités, des firmes et autres acteurs. Pour répondre à la vocation des fondateurs, « L'Europe ne pourra et ne devra pas rester une entreprise économique et technique. Il lui faut une âme. la conscience de ses affinités historiques et de ses responsabilités présentes et futures, une volonté politique au service d'un même idéal humain. « ( R Schuman, Pour l'Europe ).
L'esprit de liberté traverse le continent européen depuis 1989 : ce faisant, il l'unifie mais son souffle fait ployer identités et certitudes. Dans les vents de l'histoire, l'Europe figure un bien commun.
2.1. La Belgique
En 96-97, la Belgique a fait la « une « de la presse internationale plus souvent qu'elle ne l'aurait souhaité suite à l'affaire Dutroux qui a été à l'origine d'une mise en cause de la police, de la justice et du pouvoir politique. La fermeture des Forges de Clabecq et de l'usine Renault de Vilvorde a montré la fragilité de l'économie belge dans un environnement international de plus en plus rude. Dans les deux cas, de grandes manifestations populaires ont révélé la lassitude de l'opinion publique. Le crédit de l' Etat a aussi été fortement entamé, et les événements des années 96-97 risquent d'accélérer la désagrégation du pays. Si le malaise est évident, la Belgique n'apparaît tout de même pas au bord de l'implosion.
Sur le plan économique, la Belgique a conservé un taux de chômage élevé mais pas exceptionnel en Europe
Le gouvernement fédéral a résisté à la tourmente et tenu compte de l'opinion, en approuvant les conclusions de la commission parlementaire sur la police et la justice, et en élevant la voix dans le conflit Renault. Le fonctionnement des institutions n'a pas été profondément perturbé. La Belgique satisfera aux critères du traité de Maastricht relatif à l' Union économique et monétaire européenne, à l'exception de la dette publique, la plus élevée de l' Union européenne, qui passera juste au-dessus de 130% du PIB ( produit intérieur brut ). Il y a environ 10.160.000 habitants.
L'espérance de vie est de 76,4 et la population urbaine de 97,1%. La scolarisation est en hausse. Le nombre de livres publiés ( en 96 : 13.913 livres ) la mortalité infantile est en baisse ( 8% )
3. LE SENS D'UNE PRESENCE SALESIENNE FMA en Belgique sud.
Elle est un signe, une réponse à un appel de Dieu qui invite nos contemporains à s'orienter vers Lui. Ce signe passe par une manière prophétique de vivre particulière définie par les vœux de chasteté, d'obéissance et de pauvreté mais aussi par la vie fraternelle et la prière
Cette manière de vivre nous incarne : nous sommes du monde et confrontées aux logiques de celui-ci et en même temps en écart à ce monde et à ses manières d'être. Aujourd'hui, nous sommes traversés par les logiques de l'Europe économique et en même temps en contradiction évangélique avec celle-ci. C'est dans cette tension que se joue le témoignage de nos communautés avec un double risque de l'insignifiance ou du rejet.
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