La Lettre à Diognète (vers 200)

VI (trad. SC 33 bis, p.65)

 

Ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L'âme habite dans le corps et pourtant elle n'est pas du corps, comme les chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde         (Jn 17,16).

 

Invisible, l'âme est retenue prisonnière dans un corps visible. Ainsi les chrétiens ; on voit bien qu'ils sont dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible. La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans en avoir reçu de tort, parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs ; de même, le monde    déteste les chrétiens qui ne lui font aucun tort, parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs. L'âme aime cette chair qui la déteste, et ses membres, comme les chrétiens aiment ceux qui les détestent.

 

L'âme est enfermée dans le corps ; c'est elle pourtant qui maintient le corps. Les chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde ; ce sont eux pourtant qui maintiennent le monde. Immortelle, l'âme  habite une tente mortelle ; ainsi les chrétiens campent dans le corruptible, en attendant l'incorruptibilité céleste (1Co 15,50)... Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu'il ne leur est pas permis de       déserter.

Semés en terre