Une pédagogie du cheminement.

 

 

Marcher

« … ne connais-tu pas que tu es au chemin, et que le chemin n’est pas fait pour s’asseoir, mais pour marcher ? Et il est tellement fait pour marcher, que marcher s’appelle cheminer. Et Dieu, parlant à un de ses plus grands amis : « Marche en ma présence, et sois parfait ». (Gn 15, 1) »

TAD L3, ch 1).

 

Le langage courant dit volontiers : « tant qu’il y a vie, il y a espoir ». Si, de temps à autres, nous jetons un coup d’œil dans le rétroviseur de notre vie, nous voyons que nous avons changé : changé de point de vue, changé de mentalité, nous sommes plus paisibles pour aborder telle ou telle situation, ce que nous avions pensé « fichu » a pu renaître, se développer autrement. La marche, c’est une loi de vie ; en éducation, c’est une loi de vie que le progrès, la capacité d’apprendre, d’évoluer, de changer. Face au Christ, jamais, jamais, une personne n’est finie, sans capacité d’amélioration, de conversion.

 

Quel regard portes-tu sur tel et telle avec lesquels tu travailles ?
Quelle imagination, quelle énergie déploies-tu pour chercher et trouver avec d’autres des solutions à l’une et l’autre difficultés rencontrées ?
Comment tiens-tu compte des progrès réalisé, des domaines dans lesquels tel jeune, tel groupe excellent ?
Comment y prends-tu appui pour continuer, pour encourager ? … pour ouvrir un avenir !

 

« L’amour tire chemin … » (TAD L9 ch 2), l’amour marche !

 

Prendre patience.

 

A un père en difficulté avec son fils ! (en ce temps-là aussi ! … devenir parents s’apprend au jour le jour !).

 

« … Encore faut-il que j’ajoute à ma supplication ce mot de mon métier. Tandis que les pères exercent leur sévérité à l’endroit de leurs enfants par nécessité. Ils doivent leur préparer de la douceur en leur volonté (= mouvement du cœur), afin que la rigueur qui les a châtiés ne les accable pas, dégénérant en dureté et fierté. Cet enfant se jette à vos pieds, je vous supplie de le recevoir paternellement … »

Lettre écrite à Annecy le 8 janvier 1610 adressée à un gentilhomme.

EA T14 p 242.

 

« … Les fleuves qui vont doucement coulant en la plaine portent les grands bateaux et riches marchandises, et les pluies qui tombent doucement en la campagne la fécondent d’herbes et de graines ; mais les torrents et rivières qui à grands flots courent sur la terre, ruinent leurs  voisinages et sont inutiles au trafic, comme les pluies véhémentes et tempétueuses ravagent les champs et les prairies. Jamais besogne faite avec impétuosité et empressement ne fut bien faite   il faut dépêcher tout bellement comme dit l'ancien proverbe. Celui qui se hâte, dit Salomon, court fortune de chopper et heurter des pieds. Nous faisons toujours assez tôt quand nous faisons bien … »

IVD 3ème partie ch 10. Qu’il faut traiter des affaires avec soin et sans empressement ni souci.

 

Dilater les cœurs.

 

A sa mère malade.

           Madame, ma mère,

La nouvelle que mon jeune frère m’a donnée de votre meilleure santé m’a fort consolé et néanmoins, je suis de l’avis de mon cousin Chaudens que le sieur Marc Ofredo soit consulté sur votre santé, ou le faisant venir à Sales, ou, si vous le pouvez, allant vous-même à Genève pour trois ou quatre jours. Mais en ce dernier cas, il faudrait faire le voyage bientôt pour prévenir les grandes froidures … Mais mon frère n’a rien su me dire de l’état de votre esprit, sinon que vous étiez assez joyeuse et parfois triste … Je désire pourtant bien que, petit à petit, vous vous défassiez et désengagiez de ces petites pensées, lesquelles sont entièrement inutiles et infructueuses, et outre cela, elles tiennent la place d’autres cogitations meilleures et agréables à Notre Seigneur. Il faut un peu plus mettre  votre esprit au large et à l’aise avec Notre Seigneur, et ne le point charger de ces menues affections ou pensées, et vivre librement, laissant à la providence de Notre Seigneur ce qu’il lui plaira de faire de vous.

Mais avec votre permission, je vous parlerai clairement. Il faut, ma chère mère, ne plus vous amuser à certaines considérations qui ne servent à rien et qui sont de trop peu de valeur pour occuper l’esprit. Et ayant mis l’ordre qui se peut mettre aux affaires, si elles vont bien, en louer Dieu et si elles ne vont pas si bien que vous désireriez, remettre le tout entre les bras de Dieu qui, enfin, conduit toutes choses selon qu’il le voit utile à notre bien.

Voilà mon petit avis, ma chère Dame et bonne mère. Pour l’amour de Dieu, soyez un peu fort courageuse. Dites cent fois le jour, mais dites-le de cœur : « Dieu nous aidera », et vous verrez qu’il le fera. …

Je vous envoie deux lettres de Dijon, et vous souhaitant toutes les grâces que Notre Seigneur donne à ses loyales servantes, je demeure, Madame ma chère mère, votre fils très humble.

                                            François, Evêque de Genève.
                                            Annecy le 29 novembre 1609. (EA T14, p 212.)

 

Cesse de vivre à l’étroit de tes enfermements et encourage les autres dans ce sens en montrant le bien et le bon qui adviennent dans l’ouverture du cœur.

 

A Madame de Chantal.

«  … et s’il vous advient de laisser quelque chose de ce que je vous ordonne, ne vous mettez point en scrupule, car voici la règle générale de notre obéissance écrite en grosses lettres : IL FAUT TOUT FAIRE PAR AMOUR ET RIEN PAR FORCE ; IL FAUT PLUS AIMER L’OBEISSANCE QUE CRAINDRE LA DESOBEISSANCE. Je vous laisse l’esprit de liberté, non pas celui qui enferme l’obéissance, car c’est la liberté de la chair, mais celui qui enferme la contrainte et le scrupule ou empressement … »

Lettre du 14 octobre 1640 : un véritable monument de discernement spirituel dans la liberté.

EA T12, p 352.

 

 

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« Dieu est Dieu du cœur humain »               Un essai de pédagogie salésienne.

 

La pédagogie est affaire de cœur, d’action, de liberté, de compétence professionnelle.    J. Harvengt