Une pédagogie de l’optimisme, de l’espérance.

   

Au cœur de notre quotidien, l’optimisme salésien nous ouvre un chemin de liberté et de bienveillance : tabler sur ce qui est bon, ouvrir des portes, si obscur semble parfois l’avenir ! Rendre ce service de l’Espérance : IL Y A URGENCE ! Ce service de l’Espérance est vraiment choix confiant, adhésion profonde à la réalité comme mystérieux don de vie de Dieu à l’intérieur même de ce qui peut nous échapper. Ouvrir un à-venir, donner valeur, poids d’amour aux gestes quotidiens, semer l’Eternité sur nos terres humaines.

 

Dans la réalité de ce que tu es, de ce que tu vis, de ce que sont et vivent ceux avec lesquels tu travailles, découvrir le mystérieux don de vie que Dieu fait (bienveillance et bonté de Dieu pour toi, pour nous, pour chacun) et y adhérer. Faire le choix de la Vie : chemin de liberté et de libération.

 

Regard sur notre réalité et nos limites humaines .

 

Relevez donc votre cœur quand il tombera, tout doucement nous humiliant beaucoup devant Dieu pour la connaissance de votre misère, mais nullement vous étonner de votre chute, puisque ce n’est pas chose étonnante que l’infirmité soit infirme, et la faiblesse faible, et la misère chétive … » d’après IVD 3ème partie, ch. 9

 

L’optimisme salésien nous provoque à un regard positif sur les situations ici et maintenant et ne va pas cependant jamais contre la recherche de la vérité et le combat pour la justice.

 

N’hésitons donc pas à regarder et à prendre en compte la réalité dans laquelle nous sommes, y compris cette réalité qui fait mal, qui suscite en nous des réactions de défense, d’agressivité, réactions qui incitent à vouloir trouver à qui c’est la faute ou à qui ce n’est pas la faute … Sache que dans cette réalité-là, le Seigneur est présent.

Attention, cela ne veut pas dire que la situation soit bonne, idyllique, et qu’il n’y ait rien à changer ! Au contraire. Si tu crois que le Seigneur t’est présent, est vraiment avec toi, il te donnera la force de chercher et de mettre en œuvre,, selon son cœur, les changements nécessaires pour que passe la Vie. Ceci vaut pour toi et tout ce qui t’insère dans tel ou tel milieu., te lie à tels ou telles.

 

Tu sais aussi, honnêtement, que tu ne peux pas tout, que bien des choses échappent à ta lucidité et à ton action en toi et autour de toi. François de Sales t’aide dans une de ses façons d’aborder la pauvreté. Une pauvreté réelle est celle que tu n’as pas choisie, pauvreté de tes limites qui … te limitent effectivement dans tout le bien que tu aimerais faire. Pauvreté qui t’atteint très profondément.

Si tu veux agir au plus près de la vérité, t’ajustant au cœur de Dieu, connais-toi et reconnais qui tu es dans tes limites, tes faiblesses et tes possibilités.

 

Vérité, le mot passe très bien (qui de nous ne se dirait pas vrai ? …) mais humilité, cela te fait peut-être hérisser les cheveux ! Cependant, vérité et humilité sont jumelles. Se connaître, se reconnaître, s’accepter soi ne sont pas choses aisées ou un jour définitivement acquises ! En plus, accepter paisiblement sans en faire un plat que les autres soient témoins de nos faiblesses, c’est encore autre chose ! Tes erreurs de comportement, tes agacements ou mots durs n’échappent pas à tes collègues, à tes élèves, aux malades que tu soignes …

Reconnais-les devant qui en est témoin, et continue à marcher simplement.

 

L’une des façons de t’aimer dans la partie visible de tes faiblesses est d’aimer positivement ce que tu fais, même si c’est peu ; et surtout de continuer à t’aimer et à aimer ce que tu fais quand tu vois tout ce que tu ne peux pas faire …

Cette limite-là est difficile parce que ça ne fait pas partie de ce que tu souhaiterais pour toi-même ! C’est quelque chose qui s’impose à toi, par les circonstances, par ta situation, par le fait que tu n’as pas, à toi-même, le monde entier.

Patient travail sur toi, patient travail aussi où il faut accompagner ceux et celles auxquelles tu t’adresses !

 

Le Seigneur est miséricordieux à l’égard de cela. Il est d’autant plus proche que l’on se reconnaît déstabilisé, remis en question. Nos limites ne sont pas là pour nous condamner mais pour mieux dire « oui » à ce qui est possible et à ce qui se présente … pour y mettre plus lucidement son cœur. Cela ouvre à la miséricorde de Dieu à l’égard de soi-même, à l’égard des autres et nous évite de nous imaginer absolument indispensables. Chemin de confiance donnée aux collaborateurs, aux collègues, confiance aussi dans les capacités de tout un chacun.

 

Regard de bienveillance : regard de Dieu sur chacun.

 

L’optimisme salésien est un esprit d’encouragement, de « bénédiction ».

Quelles que soient nos dispositions naturelles, notre tempérament, nos tendances, nous sommes tous appelés à aimer Dieu, à nous croire aimés de lui, à nous aimer nous-mêmes et à aimer les autres.

 

Voulue dans la liberté, cette attitude se fonde sur la certitude que dans tout homme, quelle que soit sa misère, il y a toujours une

 

« … spéciale inclination naturelle non seulement d’aimer le bien en général, mais d’aimer en particulier et sur toutes choses, la divine bonté de Dieu … »

« … et si dépravé par le péché que puisse être l’homme, cette sainte inclination d’aimer Dieu sur toutes choses lui demeure ! »

TAD L1, ch. 16

Nul n’a la pouvoir de détruire cette inclination, car elle vient de Dieu. Dieu nous regarde (donc, toi, moi, chacun) avec bienveillance et veut se communiquer à nous.

 

« … Tel est l’amour que Dieu porte à nos âmes, tel le désir de nous faire croître en celui que nous lui devons porter. Sa divine douceur nous rend toutes choses utiles ; elle prend tout à notre avantage ; elle fait valoir à notre profit toutes nos besognes, pour petites qu’elles soient .»

D’après TAD L.3, ch2 « Combien Notre Seigneur a rendu aisé
l’accroissement de l’amour »

 

« Regardez ce que Dieu fait et ce que vous faites ; vous verrez ses yeux tournés de votre côté et perpétuellement fichés (=fixés) sur vous par un amour incomparable. »

IVD 2ème partie, ch. 12

 

Choisir la vie.

 

L’optimisme salésien est une vision positive du monde, vision qui choisit de « ne pas éteindre la mèche qui fume encore ».

L’optimisme nous incite à « CHOISIR LA VIE PLUTOT QUE LA MORT » : choisir de nous intéresser aux élans positifs, même les plus faibles plutôt que de voir en premier tout ce qui étouffe et divise ; trouver en nous-mêmes, en l’autre, en toute situation, le signe de vie et à nous y appuyer ; cultiver la qualité inverse, plutôt que combattre le défaut qui nous gêne !

 

Nous décaler par rapport à notre seule façon de voir les choses pour découvrir comment Dieu accueille cette réalité qui est la nôtre, … Nous mettre à distance de nos premières réactions ouvre un espace intérieur plus libre pour la relation.

« La liberté de laquelle je parle, c’est la liberté des enfants bien-aimés. Et qu’est-ce ? C’est un désengagement du cœur humain de toutes choses pour suivre la volonté de Dieu reconnue. » Lettre à Jeanne de Chantal le 14 octobre 1604.

 

La liberté dont il est ici question, c’est une mise à distance positive de ce qui obscurcit le regard et paralyse le cœur, de ce qui nous agite et trouble notre jugement, de ce qui précipite indûment notre action.

 

Cet optimisme est réalisme dans la foi, il t’aide à chercher quel est le bien auquel tu peux dire « oui » aujourd’hui, et dans cette réalité.

 

François de Sales insiste plus sur l’adhésion positive au dessein de Dieu que sur la dénonciation du mal ; cela engage à trouver le positif, si petit soit-il, pour le faire grandir.

Prendre plaisir à goûter, même une petite chose positive, donne une plus grande liberté pour aborder les aspects négatifs en nous et autour de nous « doucement et cordialement » (IVD 3ème partie, ch. 9). Choisir de valoriser les éléments de vie permet de construire, d’agir, de faire changer les situations.

S’agit-il d’une situation de personne, la tienne, par exemple, François écrit :

 

Ne semez point vos désirs sur le jardin d’autrui, cultivez seulement bien le vôtre. Ne désirez point de n’être pas ce que vous êtes, mais désirez d’être fort bien ce que vous êtes ; occupez vos pensées à vous perfectionner en cela et à porter les croix, ou petites ou grandes, que vous y rencontrerez. Et croyez-moi, c’est ici le grand mot et le moins compris de la conduite spirituelle. Chacun aime selon son goût ; peu de gens aiment selon leur devoir et le goût de notre Seigneur. De quoi sert-il de bâtie des châteaux en Espagne, puisqu’il nous faut habiter en France ? C’est ma vieille leçon et vous la comprenez bien. »

d’après un correspondance à Madame Brûlart. 1607

 

La seule façon de faire un choix est de voir que ce choix est une façon, comme dit François, de tendre et m’étendre (TAD livre 3, ch. 3.) vers un bien. Il y a un bien que Dieu nous propose ; quand nous pouvons dire « oui » à ce bien, nous libérons nos énergies, même si elles sont petites, mais nous savons pourquoi. Dire « oui » à ce bien-là, nous empêche de courir trente-six choses, aussi nécessaires nous semblent-elles.

Or aujourd’hui, nous sommes, qu’on le veuille ou non, acculés à des choix. Nous avons à renoncer à tout faire, à être tout-puissant, c’est-à-dire à avoir une puissance telle qu’on pourrait faire tout ce qu’on voudrait, sauver le monde, et nous sauver nous-mêmes avec. Renoncer à cela, et comme dit François « il vaut mieux faire peu mais le faire bien ». Si nous sommes habituellement empressés à cause de nos choix, c’est bien que ces choix-là sont des choix d’amour-propre, qui ne sont pas des choix que nous accueillons du Seigneur. La paix du cœur est un critère absolu. Si, en voulant bien faire cette même chose, nous la faisons tranquillement, c’est que nous la recevons du Seigneur ; sa fidélité nous accompagne à toutes les étapes. Il nous aide par des médiations et par ses inspirations. (IVD 3ème partie, ch. 10). Sa parole est droite.

 

En éducation, en animation, en formation, en accompagnement, tu vois parfois des actes intrinsèquement mauvais, tu en es parfois acteur, tu en es parfois témoin. Essaie de te poser ces deux questions et de donner réponse, avec d’autres si possible (travailler en équipe est un sérieux appui pour voir clair) :

dans tel acte mauvais, qu’est-ce qui était recherché, quel bien, si tordu soit-il, était visé ?

quel est le contexte social, éducationnel, culturel qui a conduit à la confusion, qui donne au mal l'apparence du bien, qui fait qu’un bien visé est raté, détourné de sa cible ?

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« Dieu est Dieu du cœur humain »               Un essai de pédagogie salésienne.

 

La pédagogie est affaire de cœur, d’action, de liberté, de compétence professionnelle.    J. Harvengt