Une pédagogie de l’émerveillement.

 

 

Reconnaître et admirer le travail de la grâce dans le cœur des gens, surtout de ceux et celles que le monde regarde comme « gens de peu ».

François était un pasteur qui rencontre, conduit, admire. En août 1606, il écrit à la Baronne de Chantal, près de quatre années avant la fon- dation de la Visitation à Annecy.

 

Voyons en quels termes admiratifs il parle des personnes rencontrées qui vivent simplement et droitement leur quotidien et sont pour lui des exemples de vie.

 

« Mon Dieu, ma bonne fille, que vos lettres me consolent …

… J’ai vu ces jours passés des monts épouvantables 7 tout couverts d’une glace épaisse de dix ou douze piques, et les habitants des vallées voisines me dirent qu’un berger allant pour rechercher sa vache tomba dans une fente de douze piques de haut, en laquelle il mourut tout gelé. O Dieu, me suis-je dit, l’ardeur de ce berger était-elle si chaude à la quête de sa vache, que cette glace ne l’a point refroidi ? Et pourquoi donc suis-je si lâche à la quête de mes brebis ? Certes, cela m’attendrit le cœur et mon cœur tut glacé se fondit en quelque sorte. Je vis des merveilles ne ces lieus-là : les vallées étaient toutes pleines de maisons, et les monts, tout pleins de glace jusqu’au fond. Les petites veuves, les petites villageoises, comme basses vallées, sont si fertiles, et les évêques, si hautement élevés en l’Eglise de Dieu, sont tout glacés ! Ah ! Ne se trouvera-t-il pas un soleil assez fort pour fondre celle qui me transit ?

A même temps, on m’apporta un recueil de la vie et mort d’une sainte villageoise de mon diocèse, laquelle était décédée au mois de juin. Que vouliez-vous que je pensasse là-dessus ? Je vous en enverrai un jour un extrait, car, sans mentir, il y a je ne sais quoi de bon en cette histoire d’une femme mariée, et qui était, de sa grâce, de mes grandes amies et m’avait souvent recommandé à Dieu … » EA T13, p 199.

 

«  … Je vous enverrai bientôt le recueil de la vie d’une sainte villageoise de mon diocèse, mariée, (Pernette Boutey ; voir note b) en fin  de fascicule) et qui, en quarante-huit ans de vie, a donné toutes les marques d’une vie parfaite dans l’intérieur et dans l’extérieur ; car elle a été une Monique dans son ménage et une Madeleine dans l’oraison. Ah, ma fille, à qui tient-il que nous ne soyons saints parmi tant d’exemples domestiques 8 et étrangers 9 en la ville et aux champs ? Tout nous prêche en faveur de la sainteté, et nous n’y allons que fort lentement. Je me trouve très anéanti en moi-même dans cette pensée. Hélas, ma chère fille, disons avec saint Augustin : Que faisons-nous ? Les ignorants et les grossiers 10 se lèvent et, se levant devant nous, ils ravissent les cieux ; et nous croupissons dans notre négligence ! Au moins, parmi cette misère, soyons humbles, et Dieu nous bénira et relèvera notre bassesse par sa sainte miséricorde. »

EA T13 p 212, août – septembre 1606.

 

 

Vincent de Paul, géant de la charité, en contact avec les plus riches et les plus puissants, avec les plus pauvres et rejetés, a connu et beaucoup admiré François de Sales ; ce dernier lui a d’ailleurs confié la Visitation de Paris. Vincent répétait à qui se mettait au service des pauvres « les pauvres nous évangélisent ». Et François et Vincent nous disent que la richesse de cœur des personnes méritent notre attention et notre admiration ; que tout homme, où qu’il vive, est capable de gestes et de choix qui imposent le respect.

Tenir compte de ce que vivent « les petits » respecter ces petits est dans le droit fil de l’Evangile.

 

Donne la parole à ceux qui ont l’air de ne rien savoir, de ne rien comprendre ; valorise, encourage, pars de ce qui fonction ne bien, de ce qui est déjà réussi pour poursuivre la réflexion, l’apprentissage, le travail. Encourage !!!

 

Ecoute celui qui souffre et essaie de savoir pourquoi il souffre pour mieux cheminer avec lui et chercher avec lui (pas à sa place) la solution, la démarche la plus adéquate.

 

Aie la conviction suivante : chaque personne connaît quelque chose face à une démarche entreprise, devant un problème à résoudre. Si tu enseignes,  ceux qui sont dans ta classe connaissent l’un ou l’autre élément, peuvent réaliser ceci ou cela. Toi donc, tiens-en compte dans ton enseignement dans la manière de susciter les apprentissages, et surtout, favorise les échanges de connaissances, de savoir, de savoir-faire dans le groupe. Ton apport sera de l’ordre de la précision, de l’information, de l’organisation et de la structuration, de la mise en forme pour relancer l’étape d’approfondissement et de recherches ultérieures. Sans oublier une préparation et un suivi stricts et rigoureux de ton travail. C’est vrai aussi dans toute tâche d’animation.

 

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« Dieu est Dieu du cœur humain »               Un essai de pédagogie salésienne.

 

La pédagogie est affaire de cœur, d’action, de liberté, de compétence professionnelle.    J. Harvengt