Fondement : la bonté de Dieu et la dignité de l’Homme.

 

 

Quel est le fondement de la confiance en l’homme qui anime Fr. de Sales ?

 

Le fondement spirituel et théologique de la vie de Fr. de Sales, de son action, de ses intervention publiques et privées dans son courrier ou ses sermons, c’est « Dieu est Dieu du cœur humain » (TAD L 1, Ch 15). Toute personne a valeur divine à ses yeux. Tout ce qu’est et vit quelqu’un doit être pris en compte parce que chaque personne est appelée à partager la vie même de Dieu. L’humanité entière a été choisie de tout éternité pour communiquer avec Dieu, c’est-à-dire vivre d’un échange d’Amour ! Pas vaguement, l’humanité en général, mais moi, toi, elle et lui !

 

« Dieu vous a fait éclore de ce rien, pour vous rendre ce que vous êtes sans qu’il eût besoin de vous, mais par sa seule bonté.
Regardez attentivement l’être que Dieu vous a donné ; car c’est le premier être du monde visible, capable de vivre éternellement et de s’unir parfaitement à sa divine Majesté. »

IVD 1ère partie, ch. 9, 1ère méditation « De la création »

 

 

En terme d’aujourd’hui : tu es là par pure bonté, tu reçois une vie qui ne demande qu’à grandir, à s’épanouir, à éclore. Regarde-toi avec admiration et respect : tu es capable de vie divine, de vie avec ce Dieu de Bonté !

 

Avoue qu’il faut une fameuse audace pour affirmer cela. Dieu prend à tel point l’humanité au sérieux – et donc, chaque personne humaine en particulier – que le Fils de Dieu lui-même s’incarne, se fait l’un de nous. Il te prend au sérieux et reconnaît la dignité que seul l’Amour te donne à toi personnellement>. Et à chacune et chacun  que tu rencontre et qui est ton prochain.

 

 

Tout homme est digne, parce qu’il est aimé de Dieu. Si, au cœur et aux yeux du Dieu de Bonté tel que le révèle Jésus le Christ, tout homme a valeur infinie, alors notre vie, notre action, notre amour « à cause du Christ et de l’Evangile » ont pour base et pour but à la fois, l’amour de Dieu, de nos frères et de nous-mêmes.

 

Tu es appelé à laisser passer cet Amour-là. Tu as deux mains : que l’une serve à tenir la main de Dieu et que l’autre serve à tenir la main de tes frères. Toi, tu es un pont, un passeur de vie. Ainsi la Vie de Dieu passera !

 

« Comme Dieu créa l’homme à son image et semblance, aussi a-t-il ordonné un amour pour l’homme à l’image et semblance de l’amour qui est dû à sa divinité : Tu aimeras, dit-il, Le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ; c’est le premier et le plus grand commandement . Or le second est semblable à celui-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Mt 22, 37-39)

 

Pourquoi aimons-nous Dieu … ?

 

« La cause pour laquelle nous aimons Dieu, dit Saint Bernard, c’est Dieu lui-même » comme s’il disait que nous aimons Dieu parce qu’il est la très souveraine et infinie bonté.

 

Pourquoi nous aimons-nous nous-mêmes en charité ?

 

Certes c’est parce que nous sommes l’image et semblance de Dieu.

Et puisque tous les hommes ont cette même dignité, nous les aimons aussi comme nous-mêmes, c’est-à-dire en qualité de très saintes et très vivantes images de la Divinité …

    Et c’est donc ainsi, que la même charité qui produit les actes de l’amour de Dieu, produit en même temps ceux de l’amour du prochain … » »

(d’après TAD L10, ch 11 « Comme la très sainte charité produit l’amour du prochain »)

 

Nous aimons Dieu parce qu’il est Bonté ; Dieu, personne ne l’a jamais vu mais Jésus, son Fils Bien-Aimé, notre Seigneur, nous dit en gestes et paroles d’homme ce qui habite le cœur de Dieu.

 

Dans l’Evangile, quand tu écoutes et regardes Jésus, tu peux dire :
 « Voilà le cœur de Dieu qui bat ».

 

Pourquoi nous aimons-nous nous-mêmes, pourquoi est-ce que je m’aime moi ( … pas toujours facile !) Parce que je suis créé à l’image de Dieu, parce que j’ai la dignité que Dieu me donne par l’amour qu’il me porte.

Pourquoi aimons-nous le prochain comme nous-mêmes ? Parce qu’il a la même dignité que moi. L’un et l’autre aimés infiniment et appelés à partager la vie divine dès aujourd’hui. Rien de moins !

 

Tu comprends certainement que l’éducation
 à tous niveaux et pour tous les âges,
 c’est vraiment sérieux et cela nous demande
 d’être des créateurs de vie.

 

 

A travers ces textes clefs, nous pouvons saisir pourquoi F. de Sales attache tant d’importance à toute vie humaine, tant d’importance à nos relations : voir avec les yeux et le cœur de Dieu. Chaque personne a cette valeur-là : le prix infini de l’Incarnation du Fils de Dieu et l’Amour qu’il nous manifeste dans le mystère de sa mort et de sa résurrection. Traiter nos frères – car ils sont nos frères, chacune et chacun – comme nous traiterions Dieu lui-même.

 

En doutons-nous, relisons dans l’Evangile le texte sur le jugement.
«  … En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait) » (MT 25, 31-46)

 

L’intention de François de Sales était de pouvoir rédiger un «Traité de l’Amour du prochain ». Il n’a pas pu réaliser ce projet (cf. TAD L10 ch 11.) Néanmoins, ses semons, toute sa correspondance, témoignent de ce que nous aurions pu y trouver : écoute, présence affectueuse  … et un soin immense pour chercher dans le concret de la vie de chacun, ; ce qui est le meilleur pour qu’advienne le Royaume, pour que chacun marche vers l’union à Dieu, l’union aux autres et vers l’unité intérieure !

 

Si elle y consent chaque personne peut vivre de la sainteté (François de Sales dit « dévotion ») telle que nous pouvons en percevoir l’appel personnalisé dans l’Evangile.

 

Bonté, patience, engagement, justesse de jugement, droiture, fermeté, François de Sales lors de ses interventions auprès de chacun ; quelle que soit sa condition.

 

Avec François, parcourons ensemble la route qu’il nous trace en ayant au cœur et à l’esprit la liberté qu’il nous souhaite.

 

Mais quels sont donc les cordages ordinaires par lesquels la divine Providence a accoutumé de tirer nos cœurs à son amour ? … Je les tirerai, avec des liens d’humanité, avec des liens de charité  et d’amitié. Sans doute , … nous ne sommes pas tirés à Dieu par les liens de fer, comme les taureaux et les buffles mais par manière d’allèchements, d’attrait délicieux, et saintes inspirations, qui sont en somme les liens d’humanité, c’est-à-dire, proportionnés et convenables au cœur humain, auquel la liberté est naturelle. Le propre lien de la volonté humaine, c’est la volupté et le plaisir. (mais oui, mais oui, c’est saint François de Sales qui dit cela …) On montre des noix à un enfant, dit saint Augustin, et il est attiré comme un aimant ; il est attiré par le lien non du corps, mais du cœur. Voyez donc comme le Père Eternel nous tire : en nous enseignant, il nous délecte, sans nous imposer aucune nécessité ; il jette dans nos cœurs des délectations et plaisirs spirituels comme des sacrées amorces, par lesquelles il nous attire fort doucement pour recevoir et goûter la douceur de sa doctrine …

 

En cette sorte donc, notre liberté n’est nullement forcée ni obligée par la grâce. Mais malgré la vigueur toute-puissante de la main miséricordieuse de Dieu, qui touche, environne et lie l’âme de tant et tant d’inspirations, d’appels et d’attrais, cette volonté humaine demeure parfaitement libre et exempte de toute sorte de contrainte et de nécessité.

 

La grâce est si gracieuse, et saisit si gracieusement nos cœurs pour les attirer, qu’elle ne gâte rien en la liberté de notre volonté ; elle touche puissamment, mais pourtant si délicatement, les ressorts de notre esprit, que notre liberté n’en reçoit aucun forcement. La grâce a des forces, non pour forcer, mais pour allécher le cœur : elle a une sainte violence, non pour violer, mais pour rendre amoureuse notre liberté ; elle agit fortement, mais si suavement, que notre volonté ne demeure point accablée sous si puissante action ; elle nous presse, mais elle n’oppresse pas notre liberté. Ainsi nous pouvons, au milieu des forces de cette grâce, consentir ou résister à ses mouvements, selon qu’il nous plaît. »

 

D’après TAD L 2, ch 12.

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« Dieu est Dieu du cœur humain »               Un essai de pédagogie salésienne.

 

La pédagogie est affaire de cœur, d’action, de liberté, de compétence professionnelle.    J. Harvengt